Des étudiants suivent une formation au code informatique à l'Ecole centrale de Marseille, le 3 mars 2015

Copilot, Cursor, AlphaCode... De nombreux programmes boostées à l'IA aident spécifiquement les codeurs à programmer plus rapidement, et parfois, avec moins d'erreurs. (photo d'archive)

afp.com/Boris Horvat

Parfois critiquées pour leurs erreurs et leurs hallucinations, les intelligences artificielles (IA) génératives ont en revanche la particularité d’exceller en code informatique. Depuis sa sortie à l’automne dernier, un outil comme ChatGPT passe très facilement de l’anglais ou du français à du Java, Python, PHP, C ++ ou encore Swift, ces langages informatiques qui nécessitent d’ordinaire de longs mois d’apprentissage. Il suffit d’écrire et la machine s’exécute.

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Une simplicité bien résumée par Andrej Karpathy, un ancien directeur de l’IA chez OpenAI : "Le nouveau langage de programmation le plus en vogue actuellement est l’anglais." Des dizaines de tutoriels sur YouTube promettent à des novices de les guider dans la programmation d’un site Internet ou d’une application à partir de prompts (commandes) sur le plus célèbre agent de conversation du monde. "La même chose s’est produite lorsque la technologie a facilité la publication. Ou quand les outils numériques ont simplifié la création musicale, des films, des jeux. Dans tous ces cas, nous avons assisté à une explosion du contenu et des créateurs de contenu", a récemment prédit Hadi Partovi, à la tête de l’organisation Code.org, sur Twitter. Les prochaines pépites de la tech seront-elles lancées par des inconnus grâce à du code généré par IA ?

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Aubaine pour les pros

Le joujou d’OpenAI, en premier lieu, n’est pas omniscient et des erreurs persistent. "L’intention de l’utilisateur doit être suffisamment bien saisie pour que la précision du code généré soit correcte. Cependant, bien que les langues naturelles soient très expressives, elles sont très imprécises et des ambiguïtés apparaissent presque toujours", explique la directrice de l’ingénierie de machine learning au sein de l’entreprise Trail of Bits, Heidy Khlaaf, co-auteure d’un article scientifique s’intéressant aux limites techniques de l’outil. "Il faut tout de même des prérequis avant de se lancer. Savoir reconnaître un code ‘propre’ avant de pouvoir en livrer un grâce à l’IA", confirme Alexandre Soyer, développeur web freelance, auteur de la newsletter La Console.

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Dans un premier temps donc, la vague touche surtout les professionnels. Outre ChatGPT, des dizaines d’outils, à l’instar de AlphaCode (Google), CodeWhisperer (Amazon), Cursor, ou encore Copilot (Microsoft), sont très populaires parmi les développeurs Web et autres ingénieurs dans leur travail. Tout le monde en utilise au quotidien ou du moins, les essaie", confirme Frédéric Bardeau, directeur du réseau d’écoles de l’informatique Simplon. Conçu par le populaire lieu de dépôt et de partage de codes GitHub (Microsoft) et publié plusieurs mois avant ChatGPT, Copilot est l’un des outils les plus aboutis. Il a dépassé en début d’année le million d’utilisateurs. Selon son patron, Thomas Dohmke, près de 80 % du code, à l’avenir, sera généré par une IA. Il n’est pas le seul à le penser. Matt Welsh, un ingénieur informatique passé par Google et Apple, pressent que "tous les programmes, à l’avenir, seront écrits par des IA. Ces systèmes d’IA piloteront nos avions, feront fonctionner nos réseaux électriques et peut-être même, gouverneront des pays entiers", a déclaré l’éphémère professeur de Mark Zuckerberg à l’université d’Harvard, dans la revue spécialisée Communications of the ACM.

"Faire de la cuisine avec des ingrédients prédécoupés"

En attendant, plusieurs cas d’usages très concrets se distinguent, toujours sous une attentive supervision humaine. Les IA génératives sont capables de trouver des erreurs dans du code puis de les corriger. La machine complète et suggère elle-même les lignes à écrire. "C’est comme faire de la cuisine avec tous les ingrédients prédécoupés", remarque Alexandre Soyer. Un ChatGPT, par exemple, peut aussi expliciter un morceau de code récupéré à la volée et en détailler finement son cheminement, comme un véritable assistant virtuel. Des entreprises esquivent encore ces outils pour des questions de sécurité et de confidentialité de leurs données.

Mais avec quelques protections et des modèles sur mesure, le verrou pourrait vite sauter. "On peut gagner un temps fou", affirme le fondateur de Simplon. Une récente étude dirigée par Copilot indique, qu’en moyenne, ses utilisateurs acceptent près de 30 % des suggestions de code. Alexandre Soyer arrive au même pourcentage de temps gagné par rapport à ses anciens standards. "Ce qui permet d’avoir plus de temps pour ce qui n’est pas automatisable, comme répondre à un client, écouter ses besoins…", espère Frédéric Bardeau, qui a bouleversé en conséquence les formations et les modes d’évaluation au sein de ses écoles, prenant en compte ces étonnantes capacités de l’IA. Au programme : plus d’esprit critique, de mise en situation avec des problèmes complexes. Une manière d’élever le niveau… Au moins jusqu’aux prochaines mises à jour de ChatGPT.

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