11,3 % d’inflation sur les fournitures scolaires, une rentrée au prix fort

L’étude de la Confédération syndicale des familles (CSF) marque une flambée des tarifs des fournitures scolaires. Résultat, pour alléger la note, les familles trient davantage et réutilisent les cartables et trousses de l’an dernier, tout en partant à la chasse aux promos.

La liste complète des fournitures demandées coûte en moyenne 233 euros pour un élève en primaire (contre 190 euros en 2022), 371 euros pour un collégien et 427 euros pour un lycéen. LP/Frédéric Dugit
La liste complète des fournitures demandées coûte en moyenne 233 euros pour un élève en primaire (contre 190 euros en 2022), 371 euros pour un collégien et 427 euros pour un lycéen. LP/Frédéric Dugit

    Depuis un an et demi, l’inflation galopante, dans tous les secteurs de l’économie, n’offre aucun répit au budget des Français. Et au retour des vacances, la rentrée n’aura rien d’une bouffée d’air frais pour les finances des familles.

    Elles devront faire face à une augmentation du coût de la scolarité de 11,3 % en moyenne par rapport à l’an dernier, selon l’étude annuelle de la confédération syndicale des familles (CSF), réalisée auprès de 109 ménages adhérents et publiée ce mercredi 16 août, jour du versement de l’allocation de rentrée scolaire (ARS). Dans le détail, la liste des fournitures coûte 233 euros pour un élève en primaire, contre 190 euros en 2022 (+ 23 %), 371 euros pour un collégien (+ 3,5 %) et 427 euros pour un lycéen (+ 3,1 %).



    Les montants de l’ARS ont été revalorisés de 5,6 % par rapport à la prime versée à l’été 2022, dont +1,5% en avril 2023. « C’est largement insuffisant quand l’inflation est de 4,6 % sur un an et dépasse les 10 % sur les fournitures, regrette Johan Jousseaume, secrétaire confédéral en charge de l’éducation à la CSF. Toutes les familles, y compris issue de la classe moyenne, payent le lourd tribut de l’inflation. »

    L’association des industries de papeterie et de bureau (AIPB) confirme, elle-même, une inflation comprise entre « 8,9 % et 10,6 % à fin juillet en fonction des réseaux de distribution », d’après sa présidente Nadège Helary. Selon les données GFK Market Intelligence, le gonflement des prix concerne toutes les familles de produits avec toutefois, une augmentation plus importante dans l’univers papier (de + 13,5 % à + 16,3 %, selon les enseignes) que pour les adhésifs et colles (+ 3,1 %). À Auchan, par exemple, le lot de cinq petits cahiers Clairefontaine Koverbook se vend 15,99 euros, et 8,55 euros le lot de neuf colles UHU.

    Des achats en baisse

    « L’année dernière, le secteur avait été plutôt épargné par l’inflation car les achats des produits que l’on trouve en rayon avaient été négociés en amont, six à huit mois plus tôt. Là, c’est l’inverse, les négociations ont été conclues par exemple au moment où la tonne de la pâte à papier était au plus haut, elle a augmenté de 80 % par rapport à 2020 ! » justifie Nadège Helary.

    Face à l’envolée de ces dépenses, ajoutée à celles des prix du carburant et des produits alimentaires, les familles arbitrent et achètent moins. Entre fin juin et fin juillet, les Français ont dépensé 139,4 millions d’euros en fournitures scolaires pour un total de 41,4 millions d’articles achetés. Soit une baisse respective de -3,9 % et de -12,4 % par rapport à la même période de 2022, selon les données de GFK Market intelligence.

    « Mais attention, cela prend en compte la semaine où il y a eu les émeutes. Et ça joue, car il y a souvent beaucoup de parents qui font leurs courses de rentrée avant de partir en vacances. Là, ils n’ont pas pu, observe Nadège Helary. Mais nous sommes dans une tendance de fond. D’une année sur l’autre, les ménages trient davantage. »



    Adrien Peyroles, directeur général de Bureau Vallée confirme : « Les familles font très attention, viennent avec des listes où des produits sont déjà rayés et réemploient des fournitures achetées les années précédentes, comme les trousses, règles ou cahiers. Chez nous, le panier moyen a été de 35 euros, en baisse de 6,5 %. » Une tendance que révèle aussi l’étude de la confédération syndicale des familles avec un montant moyen des dépenses réelles inférieur à celui du coût de la liste. « Les familles évitent les achats superflus et réutilisent tous les petits matériels comme les compas, les équerres, les règles… Elles gardent environ un tiers des fournitures d’une année sur l’autre », soutient Johan Jousseaume.

    La grande distribution rivalise d’offres

    Quand elles n’ont pas d’autres choix que d’acheter neuf, les familles se tournent, surtout, vers les bons plans et les rabais, seuls moyens alors pour alléger la facture. Bureau Vallée, par exemple, a multiplié par trois ses reprises de cartables et de calculatrices. Le « poids promotionnel » sur les ventes a augmenté de 30 % comparé à 2022. Alors que 145 000 familles ont, notamment, profité des deux opérations « 100 % remboursé », la chaîne spécialisée va proposer, du 21 août au 2 septembre, des fournitures « à prix coûtants ».

    Au cœur de l’été, la grande distribution rivalise aussi d’offres, toutes plus avantageuses les unes que les autres, afin d’attirer les familles et, si possible, capter une nouvelle clientèle. « Les ménages peuvent compter sur la dynamique liée à la concurrence entre les enseignes qui devraient sortir des prix agressifs pour attirer les consommateurs », appuie Thierry Cotillard, président du groupement les Mousquetaires (Intermarché, Netto…). Lui-même a revu son offre : « Nous avons ajouté des fournitures scolaires dans notre panier anti-inflation. Elles seront proposées quasiment à prix coûtant », vante-t-il.

    De son côté, Carrefour vend les dix-huit feutres de couleur BIC à 1,95 euro avec 70 % de remise fidélité ou six surligneurs à 4,15 euros avec 50 % de cagnottage, pendant que Casino met les quatre « rubans correcteur » Tipex à 5,24 euros, contre 6,99 euros normalement. « Si vous n’utilisez que les bons plans, conclut Adrien Peyroles, vous pouvez espérer acheter autant, avec le même budget que l’année dernière. »