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Les chercheurs non anglophones fortement désavantagés dans les publications scientifiques

Une étude américano-australienne met en évidence les handicaps que doivent surmonter les scientifiques dont la langue maternelle n’est pas l’anglais. Un coût élevé pour leurs carrières, mais aussi pour l’innovation.

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Publié le 16 août 2023 à 05h30, modifié le 16 août 2023 à 08h01

Temps de Lecture 3 min.

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L’anglais domine les échanges internationaux et a fortiori la communication scientifique. Si bien que conduire des activités de recherche – lire et écrire un article, assister à des conférences ou encore présenter ses travaux – peut devenir difficile pour les chercheurs n’ayant pas l’anglais pour langue maternelle.

Ces inégalités liées à la barrière de la langue n’étaient jusque-là pas quantifiées. Des chercheurs de l’université du Queensland (Australie) et de Californie (Etats-Unis), dont les résultats ont été publiés le 18 juillet dans la revue PLOS Biology, ont ainsi comparé la quantité d’efforts nécessaires pour mener des activités scientifiques des anglophones de naissance et celles des autres. « Aussi bon que l’on puisse être en anglais, ceux dont c’est la langue maternelle auront toujours un train d’avance dans la recherche », constate Chérifa Boukacem-Zeghmouri, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université Claude-Bernard-Lyon-I et spécialiste de la publication scientifique.

Pour évaluer ces désavantages, les auteurs de l’étude ont mené une enquête auprès de 908 chercheurs en sciences de l’environnement de huit nationalités (Bangladais, Boliviens, Népalais, Nigériens, Ukrainiens, Espagnols, Japonais et Britanniques), choisies pour leurs disparités économiques et de niveaux de compétence en anglais. « Nous avons retenu ces deux critères pour distinguer les effets des barrières linguistiques des effets économiques », précisent les auteurs.

Un secteur de plus en plus compétitif

Les participants devaient quantifier l’effort nécessaire pour mener à bien leurs différentes activités scientifiques quotidiennes. En moyenne, un chercheur ayant une autre langue maternelle que l’anglais passe ainsi 46,6 % de temps supplémentaire à lire un article si son niveau d’anglais est moyen, et 90,8 % si son niveau est faible. La rédaction prend aussi plus de temps. « On voit bien qu’on perd énormément de temps quand on ne naît pas anglophone », signale Vincent Larivière, professeur en sciences de l’information à l’université de Montréal.

Surtout, les chercheurs non anglophones ont 2,6 fois plus de risques de voir leur article rejeté par des revues scientifiques pour des raisons liées à la langue. Un lourd désavantage dans ce secteur de plus en plus compétitif : « On est dans un contexte de course à la publication, explique Chérifa Boukacem-Zeghmouri. Donc ces inégalités peuvent avoir des conséquences importantes sur une carrière. »

Au-delà de la barrière à la publication, le manque de maîtrise de l’anglais peut aussi être un obstacle pour intégrer la communauté scientifique. Renoncer pour cette raison à participer à des conférences ou à les animer est assez commun pour les chercheurs non anglophones, particulièrement en début de carrière. « Si on ne maîtrise pas l’anglais, on renonce à rejoindre la communauté internationale, et donc à travailler avec elle », indique la chercheuse. Ces difficultés peuvent pousser les jeunes chercheurs à abandonner précocement leur carrière.

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