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Dans le secteur de la coiffure, le modèle du « salon » remis en question

Face aux difficultés des petits salons et à leurs conditions de travail difficiles, un nombre croissant de coiffeurs se détournent du salariat. Des « coworkings » d’artisans microentrepreneurs émergent.

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Publié le 19 août 2023 à 04h30, modifié le 19 août 2023 à 08h47

Temps de Lecture 4 min.

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Les coiffeurs freelance David Vincent Marotta (au premier plan) et Charlotte Brochot (de dos), à l’espace de « coworking » La Fabrica, à Paris, le 17 août 2023.

« Je voulais avoir la liberté d’exécuter mon métier sans contraintes. Aujourd’hui, je peux travailler à 6 heures, à 22 heures, le dimanche. Je choisis mes clients, j’ai une vraie relation avec eux, je ne passe plus mon temps à courir. »

Après trente ans dans la coiffure, David Marotta confie qu’il n’a jamais été aussi heureux dans l’exercice de son métier. Après avoir dirigé un salon pendant dix ans, il s’est lancé en tant que free-lance en 2019 et exerce à La Fabrica, dans le 9e arrondissement de Paris.

Ici, tout ressemble à un salon de coiffure, sauf qu’il n’y a ni patron ni salariés : La Fabrica est un lieu où une quarantaine de coiffeurs microentrepreneurs louent des sièges à l’heure (pour 15 euros), la journée ou le mois, pour recevoir leurs clients. Impossible, donc, de se faire couper les cheveux à l’improviste, puisque la réservation est obligatoire. Impossible, aussi, de distinguer qui est client et qui est coiffeur, dans l’espace où tous peuvent se détendre autour d’un verre en attendant leur rendez-vous.

« Un état d’esprit »

Ce lieu est un « coworking » de coiffeurs, selon leurs fondateurs, Julien Dauger et Nicolas Auber, ingénieurs de formation. Le modèle, inspiré des Etats-Unis, émerge dans plusieurs métropoles. Chaque artisan y a sa spécialité : cheveux bouclés, extensions, couleur… L’un d’entre eux ne propose même que des coupes mulet. « On n’est pas concurrents, on est complémentaires, témoigne David Marotta. J’envoie certains clients à d’autres, on s’échange des conseils, c’est un état d’esprit. »

Deuxième secteur de l’artisanat en France, la coiffure est en pleine réinvention. Selon le cabinet Altares, 602 salons ont été déclarés en faillite au premier semestre, soit une hausse de 49 % par rapport à la même période de 2022, et de 181 % par rapport à 2021. Cette fragilité s’explique par l’inflation, car elle a aussi bien fait exploser les charges des commerces (eau, électricité, produits) qu’elle a réduit le pouvoir d’achat des clients, qui espacent un peu plus leurs passages sous les ciseaux. La pandémie de Covid-19 est aussi passée par là : près de 20 000 salons doivent aujourd’hui rembourser leur prêt garanti par l’Etat.

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Mais l’inflation accélère un mouvement à l’œuvre depuis plusieurs années : le secteur étant très concurrentiel, en particulier dans les grandes villes, les ouvertures et fermetures sont fréquentes. Ce sont surtout les petits salons qui peinent à survivre, d’autant que les difficultés de recrutement sont aussi à un niveau record. Selon l’enquête Besoins en main-d’œuvre 2023 de Pôle emploi, 77,4 % des recrutements de coiffeurs et esthéticiens sont jugés difficiles, contre 61 % pour l’ensemble des métiers.

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