Étudiants en soins infirmiers : des frais de rentrée de plus en plus élevés

Les frais de rentrée sont en hausse de 8,83 % par rapport à l’année dernière pour les étudiants en soins infirmiers (ESI) en formation socle. Pour le mois de septembre, un étudiant déboursera 3182,95 euros en moyenne.

© M.S / ActuSoins

Je gagne entre 200 et 300 euros en travaillant deux week-ends par mois en tant qu'aide- soignante, explique Emma, 20 ans, étudiante en soins infirmiers (ESI) en troisième année. Avec les indemnités de stage [60 euros par semaine de 35 heures de travail en troisième année], c'est tout ce que j’ai pour vivre au quotidien. Avec l’augmentation de la contribution de vie étudiante et de campus (CVEC) et l’inflation en général, ça va être de plus en plus compliqué. Heureusement, il ne me reste qu’un an de formation.

Augmentation des frais

En cette rentrée 2023, beaucoup d’ESI partagent le constat d’Emma : les frais liés à leurs études sont trop élevés. Et pour cause, selon la Fédération Nationale des Étudiant.e.s en Sciences Infirmières (FNESI), ils sont en hausse de 8,83 % par rapport à l’année dernière pour les ESI en formation socle.

Ainsi, pour le mois de septembre, les étudiants devront dépenser 3182,95 euros en moyenne, peut-on lire dans le communiqué de la FNESI. Ces frais correspondent, à des dépenses ponctuelles liées à la rentrée (frais de scolarité, achat de matériel pédagogique, de chaussures, souscription d’une complémentaire santé, visite médicale obligatoire…), mais incluent aussi aux les frais récurrents de la vie courante (loyer, charges locatives, alimentation, loisirs, transports, téléphonie et internet, produits consommables…)

Pour faire le calcul des frais de rentrée scolaire, la FNESI utilise l’indicateur de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), et l’ajuste aux spécificités des ESI. Ainsi, cette année, la raison de l'explosion du coût vient de la hausse du coût de la CVEC (Contribution de vie universitaire et de campus - 100 euros), des frais d’inscription (170 euros), des frais spécifiques de formation  et du coût de la vie en général.

Nous constatons, par exemple, une augmentation de la précarité menstruelle chez beaucoup d’étudiantes, souligne Manon Morel. Certaines rognent sur l’alimentation pour s’acheter des protections périodiques.” Les frais de rentrée scolaire calculés par la FNESI sont une moyenne, mais il existe de grandes différences entre les villes, surtout pour les dépenses de la vie courante et le loyer.

Les frais illégaux encore trop répandus

La CVEC est indexée sur l’inflation ce qui est compliqué pour les étudiants car, cette année, elle dépasse 100 euros alors qu’elle était aux alentours de 90 euros l’an dernier, souligne Manon Morel. L’autre gros problème, ce sont les frais complémentaires illégaux - chaussures silencieuses, photocopies et accès wifi payants, etc. - que pratiquent encore 80 Instituts de formation en soins infirmiers (IFSI). Ils imposent à leurs étudiants ces frais qui peuvent aller jusqu'à plus de 300 euros.” Pourtant, depuis l’arrêté du 23 janvier 2020, ces frais supplémentaires peuvent être sanctionnés… Insuffisant selon la FNESI qui déplore le manque de sanction pour les établissements hors la loi.

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Des frais d’inscription « illégaux » sont toujours réclamés dans certains IFSI, dénonce la Fnesi (2021)

Des conséquences plus larges pour un métier sous tension

Les répercussions de ces contraintes budgétaires sont plus larges, dans un contexte de baisse de l’attractivité du métier d’infirmier et de difficultés de fidélisation du personnel, assure Manon Morel. Les frais de scolarité exorbitants, ceux de déplacements qui ne sont pas remboursés lors des stages, les indemnités très faibles… Certains étudiant.s arrêtent car ils ne peuvent plus suivre financièrement.

Emma s’est déjà posé la question…“Je me suis demandée comment j’allais tenir trois ans en travaillant un week-end sur deux et l’été au CHU, six semaines sur sept de vacances, c’est très fatigant, confie-t-elle. Des fois, le travail m’a empêché de prendre des cours ou de bien réviser mes partiels, mais pas le choix.

Depuis deux ans, Emma se bat pour poursuivre ses études. Elle a déjà fait de nombreux sacrifices en arrêtant la danse ou en se privant de sorties. Même si ses parents prennent en charge son logement, se nourrir reste malgré tout difficile. “J’alterne entre pâtes et riz… Les légumes, la viande, le poisson, c’est trop cher”, explique-t-elle. Cette précarité, bien réelle, reste tabou entre étudiants et peut-être invisible aux yeux des décideurs.

Diane Cacciarella

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