Quand est-ce que les choses ont changé ? Il y a dix ans ? Avec le Covid-19 ? Toujours est-il que les dirigeants de campings ont senti le vent tourner. Le monde de la finance les voyait soudain en nouvelle poule aux œufs d’or… « On avait l’impression d’être des entreprises de la tech ! », s’amuse Olivier Lachenaud, directeur général du réseau Camping Paradis et créateur, en 2008, de la plate-forme de réservation Campings.com. Il assure n’avoir eu que l’embarras du choix pour trouver des investisseurs pour sa dernière levée de fonds. « C’est fou, à la fin des années 1960, il y avait déjà 27 millions de personnes qui partaient au camping. Un marché mûr qui explose, normalement, ça n’existe pas », s’étonne l’entrepreneur. Selon la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air, le chiffre d’affaires du secteur est passé de 800 millions d’euros en 2000, à 3 milliards d’euros en 2022.
Il n’y a, certes, rien à voir entre un chef d’entreprise comme Olivier Lachenaud et le gérant d’un site municipal, entre le patron d’une énorme structure du Var à 300 employés et celui d’un petit établissement d’une douzaine d’emplacements. Mais ils ont un point commun : ils sont atypiques, parce qu’ils ne viennent pas de cet univers-là au départ, les formations de gérants de camping n’existant que depuis une époque récente.
Patrick Dauga, 63 ans, s’est investi dans le camping Blue Ocean de son village familial d’Ondres (Landes), après une carrière à l’étranger : « S’il s’était agi d’une affaire familiale de pompes funèbres ou d’électricité, je n’aurais probablement pas eu la fibre. Mais tout le monde a été touriste et peut avoir des avis en matière de camping… » Comprendre qu’un bungalow tourné vers la forêt serait plus agréable, qu’un hamac y serait apprécié, est à la portée de tout vacancier qui a déjà campé. De ses années au sein de multinationales, Patrick Dauga a rapporté des façons de faire : tout informatiser, recourir au reporting quotidien, organiser des journées d’intégration pour les nouveaux…
« Le même profil familial »
Raphaël Bony, 45 ans, lui, n’avait jamais campé. Il vivait à Paris quand il a commencé à entendre parler de ce camping que son arrière-grand-père avait créé, en 1956, dans le pays d’Auge, en Normandie, pour sauver la propriété familiale. A l’époque où la rente de la terre se faisait moins importante, des propriétaires, à travers toute la France, avaient créé les Castels pour former un réseau haut de gamme de campings indépendants. Rejoignant ce mouvement, le Brévedent fut mis en gérance à la mort de l’arrière-grand-père et, quand il a fallu le remettre aux normes, sa mère, qui publiait des livres d’art à Paris, s’est lancée. En le reprenant après elle, Raphaël Bony y a imprimé sa patte à son tour – potager en permaculture à disposition des campeurs et deux soirées scène ouverte chaque semaine, où il joue ses chansons et des reprises avec un groupe de copains et son propre fils. « On peut travailler en couple sur notre lieu de travail parce qu’on est sur 7 hectares », dit sa femme, Jessica, en rigolant.
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