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Le remplacement des professeurs, un exercice à hauts risques pour Gabriel Attal

Le nouveau ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, s'exprimera ce lundi sur la rentrée scolaire, à l'occasion de sa première grande conférence de presse. Le remplacement des professeurs, promis aux parents « du jour au lendemain », sera scruté à la loupe.

Gabriel Attal, dans une école de La Réunion, le 17 août 2023.
Gabriel Attal, dans une école de La Réunion, le 17 août 2023. (Richard BOUHET/AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 27 août 2023 à 14:15Mis à jour le 27 août 2023 à 14:43

Mettre en oeuvre la priorité du président de la République sans mécontenter les professeurs : pour Gabriel Attal, le remplacement des enseignants est le sujet brûlant de cette rentrée scolaire.

Le nouveau ministre de l'Education nationale est très attendu sur la question, ce lundi, à l'occasion de la traditionnelle conférence de presse de rentrée.

L'objectif des 30 % de signataires

« Notre école va changer à vue d'oeil » , a promis Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat s'est engagé à ce qu'un enseignant absent sur une période courte (moins de quinze jours) soit remplacé « du jour au lendemain », dans les collèges et lycées. Les résultats seront scrutés de près à Matignon, dans le cadre du baromètre de l'action publique destiné à « rendre compte aux Français de l'action du gouvernement ».

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Après s'être rendu dans un établissement modèle du Gard, Emmanuel Macron avait vanté en juin la possibilité pour « le prof de maths de prendre l'heure du prof de français si ce dernier est absent, et d'être rémunéré en heures sup grâce au fameux pacte ».

Pour les enseignants qui signeront le nouveau pacte , le remplacement au pied levé d'un collègue sera rémunéré à hauteur de 1.250 euros brut par an, pour 18 heures annuelles. Soit 69 euros brut de l'heure dans le cadre du pacte, contre 45 euros aujourd'hui. « Et donc, ça, on va le faire dans la France entière dès la rentrée prochaine », avait lancé Emmanuel Macron en juin, à Marseille.

« Un écart entre ce qu'on dit et ce qu'on peut faire »

Sauf que la mesure repose sur le volontariat des professeurs. « C'est faux de dire qu'à la rentrée tout enseignant absent sera remplacé immédiatement, insiste Bruno Bobkiewicz, à la tête du principal syndicat de chefs d'établissement, le SNPDEN. On est en train de vendre du rêve aux parents. Il y a un écart de plus en plus élevé entre ce qui se dit et ce qu'on est capable de faire. »

L'ancien ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, s'était montré très optimiste sur les enseignants qui s'engageraient dans le pacte, assurant qu'il en fallait 30 % pour que ce remplacement de courte durée se mette en place. Mais mi-juillet, selon certaines sources, l'objectif n'était pas atteint, notamment en lycée général et technologique. Dans certains établissements, des enseignants se sont même organisés pour refuser collectivement le pacte.

Selon un décret publié début août, les chefs d'établissement devront élaborer un plan annuel, pour « assurer effectivement les heures prévues par l'emploi du temps des élèves en cas d'absence de courte durée ». Les professeurs qui signeront le pacte seront « prioritairement sollicités » pour faire les remplacements « sous la forme d'heures d'enseignement ». A défaut, « des séquences pédagogiques organisées au moyen d'outils numériques » pourront être encadrées par des assistants d'éducation.

« Réinventer l'heure de permanence »

« Ce sera très compliqué à faire », considère Bruno Bobkiewicz, agacé que l'on puisse ainsi « réinventer l'heure de permanence ». Ces assistants sont déjà en nombre réduit et appelés à d'autres activités, souligne-t-il.

Le nouveau dispositif agace aussi car il empêche un professeur parti en formation de récupérer ses propres heures d'absence au titre du pacte. « Si l'enseignant s'auto-remplace sur l'heure d'un collègue qui est absent, alors l'heure de remplacement comptera dans le pacte. Mais s'il rattrape ses heures sur un trou dans l'emploi du temps des élèves ou s'il les fait venir à 8 heures alors qu'ils ne commencent qu'à 9 heures, ce ne sera pas compté au titre du pacte », déplore Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, principal syndicat du second degré.

Mi-août, depuis La Réunion, Gabriel Attal avait aussi pointé du doigt « les millions d'heures de formations ou de réunions pédagogiques » qu'il n'était « pas concevable » d'organiser sur les temps de cours. « Le temps moyen de formation dans le second degré ne représente que 1,6 jour par an et par enseignant », relativise Sophie Vénétitay. « Mais ces heures de formation peuvent se prévoir en dehors du temps de cours, sur des demi-journées où l'enseignant n'a pas classe. C'est une question d'organisation d'emploi du temps et sur cela, on est capables d'être meilleurs », conclut Bruno Bobkiewicz.

Marie-Christine Corbier

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