C’est peu de dire que les enseignants et les chefs d’établissement de lycée étaient suspendus aux arbitrages sur le baccalauréat, à une semaine de la rentrée des classes. A l’issue d’une communication en trois temps, le ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, a dévoilé, lundi 28 août, lors de sa conférence de presse de rentrée, l’ensemble des changements qui entreront en vigueur dès la session 2024 de l’examen national. A commencer par le plus attendu d’entre eux : le calendrier des épreuves de spécialité, pilier de la réforme instaurée en 2018 par l’ancien ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer.
Comme l’avait fait savoir l’Elysée à la presse dimanche – prenant soin de préciser que la décision avait été prise par Emmanuel Macron mercredi –, quelques heures avant que le nouveau locataire de la Rue de Grenelle ne confirme la mesure sur TF1, ces deux épreuves n’auront plus lieu en mars mais en juin. « Il y a eu des avancées avec la réforme du bac, mais il faut être pragmatique et regarder ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas », a déclaré M. Attal.
La session 2023 du bac, la première à se dérouler telle que prévue par les concepteurs du nouvel examen, a confirmé les effets annoncés de longue date par les enseignants : après une course effrénée des élèves et de leurs professeurs pour terminer les programmes et assimiler les méthodes en six mois, le dernier trimestre a été le théâtre d’une désorganisation des emplois du temps due à l’organisation des épreuves, ainsi que d’une démobilisation des élèves, assurés de 80 % de leur note de bac dès le début du mois d’avril.
L’arbitrage, espéré depuis que le précédent ministre Pap Ndiaye avait reconnu pour la première fois, fin juin, que « la situation actuelle ne conv[enait] pas », a été accueilli avec soulagement par la majorité de la communauté éducative. Le report en juin de ces épreuves qui comptent pour un tiers de la note du baccalauréat était notamment demandé par toutes les associations de professeurs spécialistes, par le SNES-FSU, premier syndicat du secondaire, ainsi que par le SNPDEN-UNSA, majoritaire chez les chefs d’établissement. Après avoir initialement soutenu la réforme, ce dernier plaidait depuis septembre 2022 pour une modification du calendrier.
Baptême de feu
Au SNES-FSU, on loue – pour la première fois depuis longtemps – une annonce « qui va dans le bon sens ». « C’est une mesure que nous avions demandée et pour laquelle nous nous sommes battus, elle est essentielle pour favoriser la réussite des élèves », salue Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat. A l’heure où Gabriel Attal promet d’être le ministre du dialogue social, elle voit dans la décision prise par l’exécutif la preuve de l’« intérêt » d’écouter les organisations syndicales. « Nous avons alerté dès le début sur les écueils de ce nouveau bac, si on nous avait entendus, on n’aurait pas perdu cinq ans et sacrifié trois générations », estime-t-elle. « Enfin une bonne nouvelle ! », a également réagi Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-UNSA, tout comme la fédération de parents d’élèves FCPE.
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