Publicité
Décryptage

Orientation : la découverte des métiers devient obligatoire au collège

Tous les collèges doivent, cette année, inscrire dans l'emploi du temps des élèves une activité de découverte des métiers, ciblée sur les rencontres avec des professionnels. Les élèves à partir de la classe de 5 e sont concernés. Des conventions doivent être signées mi-septembre pour en préciser le contenu.

Emmanuel Macron évoque « la bataille de l'orientation » à partir de la 5e.
Emmanuel Macron évoque « la bataille de l'orientation » à partir de la 5e. (Denis Allard/REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 30 août 2023 à 07:15Mis à jour le 30 août 2023 à 09:38

Quand on interroge les collégiens sur les métiers qu'ils connaissent, le premier qu'ils citent est celui d'influenceur, confie Frédérique Alexandre-Bailly, la directrice générale de l'Office national d'information sur les enseignements et les professions (Onisep). A l'heure des pénuries de main-d'oeuvre dans les entreprises , la découverte des métiers qui se met en place cette année dans tous les collèges devrait leur permettre d'en connaître d'autres, une cinquantaine d'ici à la fin du quinquennat contre dix aujourd'hui.

« Dès la 5e, il s'agit de faire entrer les métiers au collège », affirmait Emmanuel Macron au « Point » la semaine dernière, en parlant de « la bataille de l'orientation ». « C'est fondamental, car la lutte contre l'assignation à résidence se fait là. Il y aura une présentation des métiers pour que les élèves se forgent une conviction, puissent comprendre où il y a des besoins. » A Marseille, en juin, il s'était engagé à « généraliser la demi-journée Avenir professionnel, à raison d'une fois tous les quinze jours dès la 5e ». C'était une promesse de la dernière campagne présidentielle.

L'obligation en 5e, à partir de 2024

La découverte des métiers devient bien obligatoire pour tous les collèges cette année, mais l'obligation dès la 5e ne vaudra qu'à partir de septembre 2024.

Publicité

Les chefs d'établissement sont seulement « invités, dans toute la mesure du possible, à organiser de premières actions » dès la 5e. La demi-journée n'est pas non plus une obligation. Les collèges auront de la souplesse pour s'organiser. Les consignes ministérielles imposent simplement de l'inscrire « dans l'emploi du temps des élèves ». Sur des heures de permanence ou de manière groupée à un moment précis de l'année, par exemple. Ces activités doivent s'appuyer en priorité sur des rencontres avec des professionnels.

Ce rapprochement école-entreprise dès la 5e met l'Onisep, un opérateur public dépendant du ministère de l'Education, au coeur du dispositif. Il implique aussi les régions et les entreprises. Une convention devrait être signée entre le ministère et Régions de France le 14 septembre à Lyon, lors de la finale de la compétition nationale des métiers Worskills, où est aussi attendu le président du Medef, Patrick Martin. « Il s'agit d'une éducation progressive à la connaissance de soi et des métiers, se félicite François Bonneau, en charge de l'éducation pour Régions de France. Les collèges n'avaient pas l'habitude de voir les responsables des régions car ils étaient dans la dépendance exclusive des départements. Nous allons désormais travailler étroitement avec eux au vu de notre compétence sur l'orientation. C'est central.»

Cette découverte des métiers reposera sur des enseignants volontaires qui s'engageront dans le cadre du nouveau pacte enseignant . Et s'il n'y a pas de volontaire ? « Alors, il n'y aura pas de découverte des métiers, prévient Bruno Bobkiewicz, à la tête du principal syndicat de chefs d'établissement, le SNPDEN. C'est tout le problème d'annoncer qu'une activité est obligatoire et de la faire reposer sur le volontariat. »

Des jeux de cartes pour découvrir les métiers

Certains collèges et académies ont anticipé la mise en oeuvre. Au printemps dernier, une quinzaine d'élèves du collège Malraux de Paris s'étaient ainsi retrouvés dans le bâtiment flambant neuf d'EDF à Saint-Ouen, autour de jeux pour découvrir les métiers de l'entreprise. Tandis qu'au rez-de-chaussée une quinzaine de chefs d'établissement et d'inspecteurs suivaient une formation.

« C'est un vrai projet de région académique », confie Véronique Leblanc, conseillère du recteur de la région Ile-de-France, Christophe Kerrero. Accompagnés de deux de leurs enseignants, les élèves découvraient ce jour-là, par un jeu de cartes, les 250 métiers de l'entreprise et, au dos de chacune, le type d'études à suivre pour les exercer.

« Il faut élargir le vivier pour répondre au besoin croissant de compétences dans les métiers de la transition énergétique », insistait-on chez EDF. Où l'on voit l'orientation « comme un levier à activer dès le collège si on veut que les élèves aillent ensuite vers des carrières techniques et scientifiques ». « On cherche activement et on essaie de le faire savoir », confiait une responsable de l'entreprise.

La pression de Bercy

« Je ne savais pas qu'il y avait autant de métiers à EDF ! », s'enthousiasmait un élève. « Il y a plein de métiers possibles !, répondait alors Christophe Kerrero aux collégiens. Il n'y a pas que pompier ou pilote. Il y a professeur aussi. On recrute également ! »

Dans les métiers devant être présentés aux collégiens, « Bercy a beaucoup fait pression » pour que ce soit en priorité des métiers en tension de l'industrie, confie un fin connaisseur du sujet. Après la contestation de l'Education nationale - « parce qu'on a aussi besoin de boulangers », « on a finalement trouvé un équilibre », rassure un autre.

Publicité

Marie-Christine Corbier

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité