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Grandes Ecoles

Enseignement supérieur : face au boom du "privé lucratif", une plateforme d'information bientôt créée

Face à l'essor incontrôlé de l'enseignement supérieur privé, le ministère en charge va mettre en place en 2024 une plateforme qui répertoriera les formations reconnues par l’Etat, rapporte Le Monde.

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Skema, à Suresnes (Hauts-de-Seine). L'école de commerce propose des diplômes reconnus par l'Etat.

Lora Barra/SP

Face à l'essor dérégulé de l'enseignement supérieur privé ces dernières années, le gouvernement apporte un début de réponse. Anne-Sophie Barthez, directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle, a annoncé jeudi 13 juillet au Monde, la création "d’ici à 2024", d'une "plateforme [qui] permettra de répertorier les formations publiques et les formations privées bénéficiant d’une reconnaissance par l’Etat". 

Car, tout le monde le reconnaît aujourd'hui: en quelques années, le terrain de l'enseignement supérieur français, historiquement occupé par l'université et les grandes écoles, s'est transformé en Far West. L'avènement d'une myriade d'acteurs privés -dont certains géants comme Galileo et Omnes-, surfant en particulier sur le boom de l'apprentissage, a profondément remodelé le panorama. Le privé attire ainsi le quart des étudiants français contre à peine 14% il y a vingt ans. En l'absence de réelle régulation, le marché a explosé dans le flou le plus total pour les familles, comme pour les pouvoirs publics. Profitant de la situation, beaucoup de groupes ont ainsi capitalisé sur l'angoisse de plateformes comme Parcoursup et MonMaster. La commission des Affaires culturelles et de l’Education de l’Assemblée nationale a d'ailleurs lancé, le 5 juillet, une mission d’information portée par les députées Béatrice Descamps (Nord, LIOT) et Estelle Folest (Val-d’Oise, MoDem). Le gouvernement a également mandaté une mission spéciale sur l'enseignement supérieur privé lucratif, confiée à Jean-Philippe Ammeux, ex-directeur général de l’Iéseg.

Faire le ménage

Concrètement, cette future plateforme doit déjà permettre de faire le ménage entre les formations publiques et privées qui sont reconnues par l'Etat et les autres. Mais là ne sera pas sa seule vocation. L'objectif est aussi de différencier plus clairement les programmes privés qui sont reconnus par le ministère de l'Enseignement supérieur (via la délivrance de grade de licence, grade de master ou encore de visa) de ceux qui le sont par le ministère du Travail (via les titres RNCP). Bien qu'ayant le mérite d'exister, ces nombreuses appellations revêtent des réalités bien différentes (lire l'encadré ci-dessous) et brouillent encore davantage la lisibilité de l'offre de formation. Le gouvernement a néanmoins écarté pour l'heure l'idée d'un label commun aux deux ministères selon Le Monde.

Un "cycle de discussions" doit s'ouvrir "à la rentrée pour définir les critères que le ministère de l’Enseignement supérieur exigera d’une formation professionnalisante privée". Anne-Sophie Barthez le promet: "nous jouerons notre rôle pour garantir la qualité d’une formation en apportant un regard qui diffère de celui qu’apporte le ministère du Travail car nos lectures sont différentes mais complémentaires". Avant d'ajouter: "nous rendrons un véritable service aux candidats et à leurs familles en apportant plus de lisibilité sur l’offre de formations. Nous commencerons avec les formations qui ont déjà été évaluées et bénéficient déjà d’une reconnaissance par l’Etat." Il était temps.

Grade VS titre RNCP: quelles différences? 

Les diplômes de licence et de master sont exclusivement délivrés par les universités et les écoles d’ingénieurs publiques. Aucune autre institution ne peut prétendre en délivrer un et reprendre à son compte cette appellation. Certaines écoles de commerce peuvent délivrer un diplôme d'établissement conférant le grade de master, attribué par l'Etat pour une durée maximale de cinq ans. Elles peuvent également obtenir pour leurs programmes un visa du ministère, qui valide à la fois la qualité des enseignants, le volume d’heures dispensées et le sérieux pédagogique. Le grade et le visa permettent d’accéder à des bourses d’Etat et de poursuivre ses études par équivalence. "Même s'ils sont très nombreux, ces labels s'attachent à la qualité de l'enseignement, vérifient les débouchés professionnels et valident aussi l'environnement étudiant plus global (campus, vie étudiante, accompagnement...)", insiste Laurent Champaney le président de la Conférence des grandes écoles (CGE).

Certains établissements proposent par ailleurs des formations non diplômantes mais reconnues par le ministère du Travail car inscrites au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). On dit alors qu'elles bénéficient d'un titre RNCP, dont la vocation et le contrôle portent essentiellement sur l'insertion professionnelle (débouchés, compétences acquises...) et non sur la qualité pédagogique (modalités d'enseignement, qualité du corps professoral). A garder en tête avant de se lancer dans ce type de formations: ces cursus "ne permettent pas toujours une poursuite d'études en France et encore moins à l'international et ne permettent pas d'être recrutés dans certains pays", pointe la CGE. Pour ces cursus, il est important de vérifier que la formation est bien recensée par le site de France compétences et de se renseigner sur le type d'intervenants prévus (professionnels, formateurs...).

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