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Décryptage

Rentrée scolaire : Gabriel Attal met l'accent sur les savoirs fondamentaux et la laïcité

Dans la droite ligne fixée par Emmanuel Macron, le nouveau ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, veut « élever le niveau » de la maternelle à la terminale et revaloriser l'autorité des enseignants.

Gabriel Attal lors de sa conférence de rentrée, au ministère de l'Education nationale, le 28 août.
Gabriel Attal lors de sa conférence de rentrée, au ministère de l'Education nationale, le 28 août. (AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 28 août 2023 à 18:02Mis à jour le 28 août 2023 à 19:18

« Lire, écrire, compter, se comporter » : Emmanuel Macron avait fixé le cap de la rentrée, la semaine dernière, dans son interview au « Point ». Pour sa première grande conférence de rentrée, ce lundi, Gabriel Attal s'est glissé dans les pas du chef de l'Etat, qui entend faire de l'éducation son « domaine réservé ». Tout en tentant de ménager les syndicats, vent debout depuis les propos du président.

Il faut « mettre le paquet sur les savoirs fondamentaux » pour parler aux « Français de classes moyennes » déçus de l'école publique, et « faire bloc » sur la laïcité, a expliqué le nouveau ministre de l'Education nationale.

Tour d'horizon des nouveautés de la rentrée dont beaucoup avaient été préparées par son prédécesseur, Pap Ndiaye.

· Bac : les épreuves de spécialité reportées en juin

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Gabriel Attal a mis fin, dimanche soir, au débat sur la place des épreuves de spécialité du bac. Elles seront reportées de mars à juin, a-t-il annoncé sur TF1, « pour que l'année de terminale soit plus sereine, mais aussi pour les élèves de seconde et première puissent « regagner du temps utile pour l'enseignement et l'orientation ».

Pour les élèves de seconde, la « reconquête du mois de juin » doit permettre « une forme d'engagement supplémentaire » - Gabriel Attal a évoqué le service national universel et promis « de nouvelles expériences ».

Au lycée, ce sera aussi « le retour des maths pour tous » dès septembre avec une heure et demie dans le tronc commun pour tous les élèves de première qui n'auront pas choisi la spécialité. « La suppression des maths pour ceux qui ne suivaient pas cette spécialité fut une erreur », estime Gabriel Attal. Le nombre de textes à étudier pour l'épreuve anticipée de français passera de 20 à 16 - c'était une demande des associations de professeurs.

· « Le choc des savoirs »

« Elever le niveau » s'entend de la maternelle à la terminale, martèle Gabriel Attal. En insistant sur « les maux de l'école » et malgré les effets salués du dédoublement des petites classes - « un élève de 4e en 2018 avait un niveau de 5e en 1995 et en 6e, près d'un élève sur trois ne dispose pas du niveau en français et en mathématiques ».

La priorité affichée aux fondamentaux concerne « la nouvelle 6e » - avec l'instauration d'une heure de soutien - ou d'approfondissement - en français et en mathématiques, et avec la généralisation du dispositif « devoirs faits » au collège (deux heures et demie en moyenne par semaine encadrées par un enseignant).

Au primaire, Gabriel Attal insiste sur la lecture (CP, CM1) et l'écriture (CM2). En CM2, « chaque semaine, les élèves devront produire au moins un texte écrit » et les enseignants recevront tous « un guide de référence sur l'écriture ». A la maternelle, tous les professeurs des écoles seront formés d'ici à la fin du quinquennat, par petits groupes, sur le modèle de ce qui existe déjà pour le français et les mathématiques.

· Le nouveau pacte

Mais comment assurer ces fondamentaux si les élèves n'ont pas le nombre d'heures suffisant, interroge Gabriel Attal. De l'ordre de 15 millions d'heures sont perdues chaque année, déplore-t-il, en assurant qu'il faut d'abord que le ministère balaie devant sa porte et évite les réunions pédagogiques et les heures de formations au moment où les professeurs doivent faire cours.

Le pacte enseignant doit permettre avant tout d'assurer ces remplacements de courte durée. Mais comment les assurer alors qu'ils reposeront sur le volontariat des enseignants, tout comme la généralisation promise des stages de réussite pendant les vacances pour les élèves volontaires ou encore l'heure de soutien en 6e ? Et ce, d'autant plus que les 30 % de signataires attendus pour pouvoir assurer le remplacement de courte durée sont encore incertains.

Les premiers chiffres d'adhésion au pacte sont attendus pour la fin septembre. « Je ne vais pas faire de pronostic, dit Gabriel Attal, je sais qu'il va falloir convaincre. » En attendant, plutôt que de braquer les enseignants - échaudés par les propos d'Emmanuel Macron et ceux d'Elisabeth Borne sur les « 10 % d'augmentation en moyenne » qui ne respectent pas la promesse de l'exécutif selon les syndicats -, Gabriel Attal choisit de les ménager. Le pacte « n'est pas une mesure de revalorisation salariale », concède-t-il.

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« Tous les professeurs toucheront entre 125 et 250 euros net en plus de manière inconditionnelle », insiste-t-il toutefois. Et, à partir de septembre, il n'y aura plus un seul professeur titulaire qui touchera moins de 2.100 euros net par mois, ce qui va « au-delà » des 2.000 euros promis par le président de la République, souligne-t-il.

· « Faire bloc » sur la laïcité

Gabriel Attal se démarque de son prédécesseur, Pap Ndiaye, en interdisant le port de l'abaya pour les filles - longue robe traditionnelle portée par certaines élèves musulmanes - et du qamis - tunique longue - pour les garçons.

Il faut « faire bloc » sur la laïcité, insiste le nouveau ministre. D'ici à 2025, 300.000 personnels par an seront formés. Les 14.000 chefs d'établissement le seront en priorité, d'ici à la fin de cette année. Ces derniers réclamaient une règle claire, nationale, sur l'abaya et le qamis, après avoir été confrontés à une explosion du port de ces tenues l'an dernier.

Le rapport à l'autorité se joue aussi dans le rapport de l'école avec les familles et avec les élèves, insiste Gabriel Attal. « La relation entre un professeur et un élève n'est pas une relation d'égal à égal car il y a celui qui sait et celui qui apprend, souligne-t-il. Celui qui apprend doit respecter celui qui sait. »

· La découverte des métiers dès la 5e

L'activité de découverte des métiers est généralisée dans tous les collèges, après l'expérimentation menée l'an dernier dans 10 % des établissements. L'objectif est qu'un élève de 3e, d'ici à la fin du quinquennat, connaisse 50 métiers, contre 10 aujourd'hui.

Les chefs d'établissement pourront choisir d'appliquer cette découverte aux élèves de 5e, de 4e ou de 3e. Ce n'est qu'à la rentrée 2024 que l'obligation s'imposera dès la 5e.

Marie-Christine Corbier

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