
« La sécurité de nos concitoyens est une chose trop sérieuse pour la laisser aux mains des seuls policiers. » C’est par cette sentence, inattendue sous la plume d’un policier, qu’un candidat au diplôme universitaire de sociologie proposé par la police nationale au sein de l’université de Picardie-Jules-Verne conclut sa lettre de motivation. Faut-il croire que l’humour soit parfois récompensé au sein de l’institution ? La candidature a été retenue.
A l’heure où la question des relations avec la population se pose avec une particulière acuité, cette formation ouverte exclusivement aux fonctionnaires de police a rencontré un succès inespéré sitôt l’appel à candidatures lancé par l’Académie de police (ex-direction centrale du recrutement et de la formation de la police nationale). En quelques semaines, quelque deux cents candidatures – pour cinquante postes ouverts – ont afflué sur le bureau de Mathieu Fiolet, sociologue dans la police depuis 2018 et cheville ouvrière du programme, le signe d’un engouement auquel il admet ne pas s’être attendu.
« Plus de cent candidatures présentaient des profils intéressants, explique-t-il, et la hiérarchie intermédiaire a joué le jeu. Dans dix à quinze cas seulement, elle a émis un avis défavorable, exclusivement motivé par des nécessités de service ou des tensions en effectifs. » Les candidats – 61 % d’hommes, 39 % de femmes – venaient aussi bien de la police aux frontières que de la sécurité publique, de la police judiciaire et même du service de la protection, les gardes du corps des autorités. Le plus âgé avait 62 ans, le plus jeune, 25 ans. Le signe d’un intérêt partagé pour un projet qui n’a jamais suscité « de défiance ou de tabou de l’institution », selon M. Fiolet.
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