Lors de sa conférence de presse de rentrée, lundi 28 août, Gabriel Attal l’a martelé : c’est à l’école que se joue une partie de l’adhésion au pacte républicain. Dès lors, la volonté du nouveau ministre est claire : il faut renforcer la confiance des classes moyennes dans l’école, car c’est « l’assurance-vie » de la nation.

Aussi, Gabriel Attal a présenté sa boîte à outils, et notamment promis le remplacement systématique des enseignants absents afin d’éviter les 15 millions d’heures de cours perdues chaque année. Il a aussi annoncé revenir sur certains effets pervers de la réforme du bac de 2019, responsables selon lui d’un accroc dans la confiance des Français. D’ailleurs, le sujet semble si sensible que le président de la République a précédé son ministre et annoncé lui-même, dimanche 27 août, un changement de calendrier du bac.

L’articulation avec Parcoursup remise en cause

Concrètement, de quoi s’agit-il ? Depuis la réforme, les élèves de terminale passent en mars les épreuves de spécialité – les plus importantes pour eux, qui représentent un tiers de leur note globale et sont centrales pour leur orientation dans le supérieur. Cet agenda permet la prise en compte de leurs performances dans Parcoursup, la plateforme d’affectation dans le supérieur. Problème : à partir d’avril, dans certains établissements, les professeurs se retrouvent devant des salles de classe désertes. Un peu partout, des élèves savent qu’ils ont déjà le bac avant même de passer les épreuves de philosophie et le grand oral, en juin. Aussi, beaucoup partent à la recherche d’un logement pour l’année suivante, par exemple, plutôt que de réviser.

Face à ce désœuvrement, l’ancien ministre Pap Ndiaye avait demandé, avant l’été, un rapport. Il avait chargé l’ancien recteur William Marois de trouver des pistes pour « sauver » le troisième trimestre dans les collèges et les lycées. Emmanuel Macron et Gabriel Attal n’ont pas attendu les conclusions de ce travail, qui sera rendu en septembre, pour annoncer le report des épreuves de spécialités en juin. « Cette décision est une très bonne chose, souhaitée par l’essentiel des gens que j’ai interrogés, réagit William Marois qui ne reproche pas au gouvernement de l’avoir pris de court : « Il était essentiel que la question soit tranchée avant les réunions de prérentrée qui ont lieu ces jours-ci », justifie-t-il.

Quel impact réel sur la motivation des élèves ?

Reste que ce report pose deux difficultés qui pourraient endommager la confiance des familles pourtant recherchée par l’exécutif. La première porte sur l’impact réel de ce changement sur la motivation des élèves, alors que désormais leur avenir se joue sur Parcoursup, donc en mars. « Rendez-vous dans un an, quand on se rendra compte que cette fausse solution créera plus de problèmes qu’elle n’en résout », grince d’ailleurs Pierre Mathiot, le « père » de la réforme de 2019. Celui-ci rappelle que la tenue des épreuves de spécialité en mars avait sa logique. Elle était, dès l’origine, pensée pour garder toute sa place au bac dont les notes conditionnaient l’entrée dans le supérieur. « En déconnectant le bac de Parcoursup, comme on le fait là, on court le risque de voir remise en cause, dans quelques années, l’existence même de cet examen. » Sera-t-il considéré comme inutile ?

Deuxième problème : le nouveau système, qui implique que seules les notes de contrôle continu seront transmises à Parcoursup, ne risque-t-il pas de pénaliser certains élèves, du fait des écarts de notation entre les professeurs ? Et là encore de jeter le doute sur l’équité du système ? Interrogé sur ce point, le ministre a assuré que des garde-fous seront posés. « Je veux rassurer les élèves et leurs familles sur l’égalité de traitement qui leur est réservée. Chaque établissement fixera ses propres critères, comme c’est le cas aujourd’hui, mais il sera mieux accompagné par l’académie. » Les professeurs pourront notamment comparer les notes de leurs élèves avec celles des élèves des autres établissements comparables au sein d’une académie.