Métiers d'art, métiers d'avenir ?

La tapissière Anaïs Jarnoux et le designer Samuel Tomatis ont remporté en 2002 le Le Prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main® - Dialogues - Ambroise Tézenas
La tapissière Anaïs Jarnoux et le designer Samuel Tomatis ont remporté en 2002 le Le Prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main® - Dialogues - Ambroise Tézenas
La tapissière Anaïs Jarnoux et le designer Samuel Tomatis ont remporté en 2002 le Le Prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main® - Dialogues - Ambroise Tézenas
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La ministre de la Culture l’a annoncé au printemps : le gouvernement va investir 340 millions d’euros sur trois ans pour soutenir les métiers d’art. En France, la filière manque de visibilité. Et parmi les 281 métiers qu’elle regroupe, certains sont menacés de disparition.

Avec
  • Xavier Long directeur délégué de l'Institut national des métiers d'art

Les métiers d'art "répondent au besoin de sens, d’objets durables et écoresponsables à un moment où l’intelligence artificielle percute nos vies, où la valeur du travail est interrogée, et où la transition écologique est au cœur des préoccupations », soulignait la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak

Pourtant, certains de ces métiers sont aujourd'hui menacés de disparition.
Les grandes maisons de luxe, comme Chanel ou Hermès, ont d’ailleurs pris l’initiative de créer leurs propres centres de formations, pour ne pas perdre la main d’œuvre qualifiée dont elles ont impérativement besoin.
Le plan espère donc susciter des vocations, en invitant les plus jeunes à franchir les portes des ateliers… et à observer ces mains expertes qui travaillent le bois, la pierre, le métal, le cuir ou le tissu pour créer des pièces uniques ou des petites séries.
Souffleur de verre, passementier, enlumineur ou plumassier ont en commun la maîtrise de savoir-faire complexes ; mais ce plan profitera-t-il réellement à l’ensemble du secteur, qui rassemble plus de 70 000 entreprises aux profils très variés ? Il promet en tout cas de placer les métiers d’art au cœur des territoires, de les aider à se développer à l’international et enfin de soutenir la recherche, l’innovation et la création.

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Samuel Tomatis, lauréat Dialogues du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main 2022, travaillant à la création de la pièce MS.86.Ulva
Samuel Tomatis, lauréat Dialogues du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main 2022, travaillant à la création de la pièce MS.86.Ulva
- Ambroise Tézenas

Métiers anciens et pratiques contemporaines

Certains métiers d'art sont parfois vus comme des survivances anachroniques. Pourtant, les professionnels que j'ai rencontrés pour ce reportage avaient en commun de réfléchir à des manières très contemporaines de pratiquer leurs savoir-faire, pour certains ancestraux.
En faisant évoluer leurs techniques, leurs matériaux, en imaginant de nouveaux usages et débouchés, en adéquation avec les besoins d'aujourd'hui.
Il faut dire que cette production artisanale et, durable, a des atouts à faire valoir à l'heure de la transition écologique.

Préparation d'un émail au sein de Bretagne Emaillage
Préparation d'un émail au sein de Bretagne Emaillage
© Radio France - Catherine Petillon

Dans une récente enquête de l'Institut national des métiers d'art, 90% des professionnels interrogés disent avoir ont leur production totalement implantée en France. Et 41% n'achètent leurs matières premières qu'ici. Mais ces entreprises subissent aussi fortement les effets de la hausse du coût de l'énergie et des matériaux. 
Tout en devant faire avec des consommateurs pas toujours prêts - ou capables- de mettre le prix pour des objets produits dans ces conditions. 
Conséquences : beaucoup de structures ont été fragilisés ces derniers mois. Voilà pour l'aspect économique.

L'autre grand chantier est celui de la transmission et de la formation. Pour adapter les techniques, encore faut-il les maîtriser. Les entreprises sont vieillissantes, beaucoup de professionnels détenteurs d'un savoir-faire clé ont aujourd'hui plus de 55 ans. Que vont devenir leurs connaissances et à qui les transmettront-ils ?

Reportage auprès de Marie-Hélène Soyer, émailleuse sur métaux au sein de l’ Atelier Emaux Métaux.
Depuis 2022, elle est engagée dans le dispositif M aître d’art-élève avec Emilie Thibault, émailleuse au sein de la manufacture Bretagne émaillage.

Au sein des Ateliers Gohard. L’entreprise familiale ,créée autour de la dorure, s’est peu à peu diversifiée, avec la peinture décorative ou encore la métallisation à froid.

Avec la tapissière Anaïs Jarnoux,  lauréate en 2022 avec le designer Samuel Tomatis du Prix intelligence de la main de la Fondation Bettencourt Schueller, catégorie Dialogues. Avec la création d’un sac à partir d’un matériau en algues.

Et Hervé Lemoine directeur Mobilier national.

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