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Rentrée scolaire : ce qui change pour la voie professionnelle

La réforme présentée en mai par Emmanuel Macron commence à se mettre en place dans les lycées professionnels. L'exécutif a fixé des objectifs - « zéro décrochage » et « 100 % d'insertion ». Mais les nouveaux dispositifs reposent, pour l'essentiel, sur le volontariat des enseignants.

Le gouvernement promet que la réforme permettra de renforcer l'enseignement des savoirs fondamentaux avec la possibilité d'enseigner en petits groupes.
Le gouvernement promet que la réforme permettra de renforcer l'enseignement des savoirs fondamentaux avec la possibilité d'enseigner en petits groupes. (Fred Scheiber/SIPA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 3 sept. 2023 à 12:20Mis à jour le 3 sept. 2023 à 17:29

Douze millions d'élèves reprennent le chemin de l'école, ce lundi. Parmi eux, près d'un tiers des lycéens sont inscrits dans la voie professionnelle, et sont concernés par la réforme qui s'y met en place en cette rentrée.

Pour Emmanuel Macron, c'est un « immense chantier » et une « cause nationale ». Le chef de l'Etat y voit le moyen de « lutter contre l'assignation à résidence » qu'il avait pointée il y a six ans. A l'heure des pénuries de main-d'oeuvre, c'est aussi un outil pour « la réindustrialisation ». « Il y a un désamour de l'industrie, il faut mieux cibler les besoins des industriels », confiait vendredi Bruno Girard, chargé des relations école pour le groupe Orano (ex-Areva), en marge du déplacement d'Emmanuel Macron dans un lycée professionnel d'Orange (Vaucluse).

« Zéro décrocheur »

Les périodes de stage des élèves seront désormais rémunérées : de 50 à 100 euros par semaine, de la première année de CAP à la terminale - jusqu'à 2.100 euros sur trois ans, souligne l'exécutif. Les nouveaux bureaux des entreprises doivent les aider à « trouver plus facilement des stages ».

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L'objectif est d'avoir « zéro décrocheur et 100 % d'insertion », plaide Emmanuel Macron. Contre le décrochage, la réforme prévoit d'orienter les élèves en difficulté vers des écoles de la deuxième chance ou des établissements pour l'insertion dans l'emploi, et ce, dès qu'ils auront passé les tests d'évaluation, mi-septembre. Ce dispositif « Tous droits ouverts » leur permet de revenir au lycée s'ils le souhaitent, assure le ministère de l'Education nationale. Attention à « l'externalisation rampante » de missions que les enseignants ont « toujours remplies », met en garde le premier syndicat de professeurs, le Snetaa-FO.

Un « parcours de consolidation » en BTS

Pour ceux qui poursuivent en BTS, « un parcours de consolidation » doit leur permettre d'augmenter leurs chances d'obtenir leur diplôme en deux ou trois ans. Il sera expérimenté dans les lycées volontaires et généralisé en septembre 2024.

Quant aux élèves sans solution après la terminale - qu'ils aient ou non eu leur bac -, ils pourront revenir dans leur établissement durant quatre mois pour y être accompagnés par un conseiller Pôle emploi. Ceux qui sont sans solution à l'issue se verront proposer un contrat d'engagement jeune.

Les savoirs fondamentaux seront renforcés, promet aussi le gouvernement, avec la possibilité d'enseigner en petits groupes, mais seulement pour les professeurs qui auront signé le nouveau pacte - cet ensemble de missions supplémentaires proposé aux enseignants volontaires.

La situation n'est pourtant pas glorieuse, lançait une enseignante, vendredi, à Emmanuel Macron : « En CAP, les élèves ont trois heures par semaine pour le français, l'histoire-géographie et l'enseignement moral et civique, je vous laisse juge de la difficulté qui est la nôtre pour relever ce défi. » « Les petits groupes seront reconnus et valorisés par le pacte, répond le chef de l'Etat. Dans la voie professionnelle, c'est jusqu'à 565 euros net en plus par mois. C'est une petite révolution. »

La ministre déléguée à la Formation et à l'Enseignement professionnels, Carole Grandjean, vante aussi les « 2.100 adaptations de cette réforme », autant que de lycées professionnels. « Au travers du CNR [Conseil national de la refondation], ce sera possible, par exemple, de faire le CAP en trois ans », assure-t-elle. L'exécutif veut des CNR dans tous les établissements.

« On fait déjà beaucoup »

Mais comment assurer l'égalité des chances des élèves avec une réforme dont la mise en place repose sur le volontariat des professeurs qui signeront - ou pas - le pacte ? « Il faut qu'un niveau minimum d'enseignants par établissement y adhère, répond Emmanuel Macron. Il faut les convaincre et qu'ils aillent sur les missions prioritaires. Ce sera la responsabilité des chefs d'établissement et des rectorats […] »

« On fait déjà beaucoup », lançait vendredi un enseignant au président de la République. Cet ancien salarié reconverti en professeur il y a trois ans s'attendait « à faire un travail de qualité », « mais j'ai six niveaux différents pour 300 élèves, avec des difficultés très différentes, et avec la quantité de travail, j'ai honte des cours que je fais, confiait-il. La revalorisation attendue ne passe pas par du travail en plus. »

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La crainte de « plans sociaux »

Pour « aller vers 100 % d'insertion professionnelle », l'exécutif fait de la carte des formations son « premier combat ». Pour Emmanuel Macron, « 15 % des formations sont à repenser. » « L'objectif est clair, affirmait en mai Carole Grandjean : fermer, d'ici à la rentrée 2026, toutes les formations n'offrant ni perspectives d'emploi, ni possibilités suffisantes de poursuites d'études réussies. »

627.100

lycéens sont inscrits dans la voie professionnelle en cette rentrée, sur un total de 2.251.000 lycéens.

Les syndicats redoutent « un vaste plan social ». « Il y aura des reconversions forcées, craint Sigrid Gerardin, co-secrétaire générale du SNUEP-FSU. Comment un professeur de commerce-vente pourra-t-il se reconvertir en professeur d'hygiène-propreté ? interroge-t-elle. La plus-value des enseignants vient de leur expérience antérieure dans le secteur privé, et dans ce cas elle disparaîtrait. »

« Le but du jeu n'est surtout pas de fermer toutes les filières tertiaires, au contraire », tente de rassurer Emmanuel Macron. « Dans celles qu'on va ouvrir, on aura besoin de formations tertiaires », a-t-il promis. La prochaine carte des formations doit être arrêtée en décembre.

Marie-Christine Corbier

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