C’est une première : habituellement sur le terrain lors de la rentrée scolaire des élèves, le président Macron s’est déplacé dès la prérentrée des enseignants, vendredi 1er septembre, dans un lycée professionnel d’Orange (Vaucluse). Si l’éducation est le « domaine réservé » du président, comme Emmanuel Macron l’a déclaré dans les colonnes du Point fin août, le lycée professionnel est une « cause nationale », affirme-t-il. Le ministre de l’éducation, Gabriel Attal, et la ministre déléguée chargée du lycée professionnel, Carole Grandjean, tous deux à ses côtés, ne prendront la parole que pour préciser certains détails, devant un public réuni dans l’atelier de carrosserie du lycée de l’Argensol.
L’objectif du déplacement, outre refaire la démonstration de l’engagement présidentiel sur les sujets éducatifs, est de réexpliquer les enjeux de la réforme du lycée professionnel. Ce dernier accueille un tiers des lycéens, mais deux tiers des décrocheurs, rappelle Emmanuel Macron au public composé de personnels de l’établissement et de cadres de l’éducation nationale, d’élus locaux, de chefs d’entreprise, du recteur d’Aix-Marseille, Bernard Beignier, et du président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier. Seuls 40 % des diplômés du lycée professionnel ont un emploi après la fin de leur formation, ajoute-t-il.
La « stratégie », qui s’accompagne d’un investissement d’un milliard d’euros, est de jouer sur trois leviers à la fois, détaille encore le président : lutter contre le décrochage scolaire, mieux orienter les jeunes, adapter la carte des formations aux besoins des bassins d’emploi. Sur ce plan, le lycée de l’Argensol offre un exemple tout trouvé : sa spécialité chaudronnerie doit être recalibrée pour mieux correspondre aux besoins du secteur du nucléaire – la ville d’Orange se situe à une vingtaine de kilomètres de la centrale du Tricastin.
« Pacte enseignant »
Pour mener à bien ces ambitions, la réforme du lycée professionnel comporte de très nombreux volets, et autant de missions qui seront assurées par les enseignants moyennant une rémunération supplémentaire. C’est le fameux « pacte enseignant » qui, au lycée professionnel, peut aller jusqu’à six « briques », c’est-à-dire six missions par an, pouvant représenter jusqu’à « 550 euros net par mois », rappelle le chef de l’Etat. Or, c’est là que le bât blesse : combien d’enseignants prendront le pacte, dont la signature n’est pas obligatoire, et pour combien de « briques » par enseignant ?
Un jeune professeur de 33 ans, Stéphane De Sa Barbosa, prend le micro. Comme souvent dans la voie professionnelle, l’enseignement est sa seconde carrière, explique-t-il. Originaire de Toulouse, où vit sa compagne, il a été nommé à Orange et fait les trajets chaque semaine. « Une fois que j’ai payé les transports et les deux loyers, il me reste à peine le smic, détaille-t-il. J’ai trois cents élèves à gérer et je fais déjà six heures supplémentaires, comme nombre de mes collègues. On donne déjà beaucoup, c’est dur d’entendre qu’on va devoir faire encore plus. »
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