Depuis quelques années, l’enseignement privé sous contrat scrute de près les courbes démographiques. En 2027, le système scolaire comptera 500 000 élèves de moins qu’en 2022, dont 400 000 en primaire, et la tendance va se poursuivre. S’il est difficile de savoir comment cette baisse se répartira entre secteur public et secteur privé sous contrat, à 96 % catholique, ce dernier sait qu’il doit se préparer à perdre des dizaines de milliers d’élèves sur les quelque 2 millions qu’il scolarise. A la rentrée 2023, le ministère de l’éducation nationale anticipe une nouvelle baisse de 14 000 élèves (64 800 pour le public), après un recul de 12 000 en 2022.
Un tournant pour le privé sous contrat, dont les effectifs n’avaient cessé de croître entre 2011 et 2021. Mais là où le creux démographique est vu par beaucoup d’acteurs de l’enseignement public comme une chance d’alléger les classes à coût constant, il est observé d’un œil soucieux dans le privé sous contrat. « Notre équilibre économique dépend du nombre d’élèves », rappelle Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique.
Les collectivités territoriales versent, en effet, aux établissements privés, financés à 73 % par de l’argent public, des « forfaits » pour couvrir les dépenses de fonctionnement dont le montant dépend uniquement du nombre d’élèves. Les établissements perçoivent, en outre, des contributions des familles, qui paient des frais pour chaque enfant inscrit. « Ce sont comme de petites entreprises : si leur équilibre financier est rompu, ils seront amenés à fermer », résume Bruno Poucet, historien et spécialiste de l’enseignement privé. C’est déjà le cas dans plusieurs territoires, comme la Bretagne, ou Lille.
Anticiper
Alors que les effectifs du privé ne reposent que sur la volonté et la possibilité des parents d’inscrire leurs enfants, le secrétariat général de l’enseignement catholique a d’ores et déjà engagé une « démarche prospective » pour s’adapter à la nouvelle donne démographique. « L’enseignement catholique est un peu à un carrefour, détaille Philippe Delorme. Nous réfléchissons à la fois à la question démographique, mais aussi à notre organisation, à notre projet éducatif et pédagogique, pour assurer notre présence sur le territoire et répondre aux besoins des familles. »
Le diocèse de Lille, l’un des plus gros de France, a même mandaté un « cabinet de prospective scolaire ». Tout est étudié : la démographie, les flux d’élèves entre le public et le privé, les politiques de construction d’infrastructures et de logements, jusqu’à la nature et la taille des logements, permettant d’anticiper le type de familles amenées à s’y installer. « On est ainsi en capacité d’anticiper finement les effectifs sur cinq ans, et donc de nous adapter et de nous redéployer en fonction des besoins », explique Hubert Antoine, le directeur diocésain.
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