Qu’est-ce qui vous fait vous lever le matin ?

La passion de mon métier. Avant, le réveil était compliqué quand je travaillais comme assistant commercial dans une banque. Mais aujourd’hui, c’est avec plaisir que je me lève, depuis plus d’un an, à 6 heures pour me rendre dès 7 h 30 au Jardin des plantes. Je fais quelque chose que j’aime vraiment ! Le parc, avec ses arbres anciens, est vraiment très agréable. C’est gratifiant de recevoir des commentaires positifs de la part des visiteurs. Je termine assez tôt, vers 16 h 30, ce qui me laisse du temps pour entretenir les 2 000 mètres carrés de mon propre jardin et ses 1 500 variétés. C’est un moment que j’apprécie. Comme toutes mes passions tournent autour de la nature, je dois admettre que c’est un peu plus compliqué l’hiver puisqu’elle s’endort durant cette saison. Dans l’esprit des gens, le jardin s’est complètement éteint et reprendra à l’arrivée du printemps. Je vois les répercussions sur mon activité. Mais en réalité, j’ai beaucoup de travail à cette période-là : de la taille, des plantations à faire…

Au travail, ça se passe comment ?

Je gère les collections du Jardin des plantes de Caen en tant que jardinier botaniste. Je me rends parfois dans la nature pour récupérer des graines qui sont par la suite triées et stockées ici. Elles sont inscrites dans l’Index seminum, un catalogue qui recense et met ces semences à la disposition des autres jardins botaniques dans le monde entier. Cela permet de diversifier et d’enrichir les collections de plantes. Toutes sont répertoriées et chacune se voit attribuer un numéro. Il y a, ici, une mission scientifique, en plus, qui nous différencie des autres jardiniers de la ville. Cela nécessite des connaissances importantes car il faut savoir identifier les plantes, donner leurs noms latins et être au courant de leurs besoins. Certaines sont assez rares, d’autres sont plus communes et présentes dans nos jardins. Elles diffèrent d’un sol à l’autre.

Chaque jardinier du parc est responsable d’un secteur. Pour ma part, je suis en charge de celui des rocailles et de la vallée des fougères. J’aime être à la fois au sein d’une équipe et autonome. Je trouve ça vraiment super ! J’ai besoin qu’on me laisse faire des choses de mon côté. On est tous assez indépendants, mais si un collègue a besoin de moi, je viens apporter mon aide et inversement.

À cela s’ajoute l’entretien du Jardin des plantes avec des tâches comme le désherbage, la tonte des pelouses. L’aspect scientifique et l’autre aspect plus pratique de mon travail se complètent très bien. Pouvoir faire les deux apporte du changement, de la diversité. C’est bien de revenir à des travaux de base de temps en temps.

En qui avez-vous confiance ?

En tous les gens qui m’entourent, sinon ils ne seraient pas là. J’ai confiance en mon chef d’équipe, Pascal Heuzé. C’est un peu le « chef d’orchestre ». Il m’a appris beaucoup de choses, avant même que je travaille ici ! Il n’y a que des passionnés au jardin botanique, qui aiment partager leurs connaissances.

Une scène qui vous a marquée récemment ?

Ma fille de trois ans m’a répété le nom complet en latin de la plante d’intérieur dont elle s’occupe : un Begonia rex. Je commence à transmettre ma passion à mes deux enfants. Ils baignent dedans. Je leur fais faire des tours du jardin, nous observons les plantes, je leur apprends à avoir un petit potager… C’est important ! Ma fille est bien réceptive pour manger la production ! (Rires.) Les fraises par exemple… Tout ça fait partie de l’aspect ludique autour du jardin. Le plus important, c’est qu’il y ait l’envie d’apprendre d’un côté et de transmettre de l’autre.

Quelque chose qui vous changerait la vie, là, tout de suite ?

J’aime vraiment ma vie comme elle est actuellement. Je l’ai déjà changée en quittant la banque. J’aimerais avoir plus d’opportunités dans mes projets à côté afin de partager et d’échanger davantage avec les gens sur le jardinage. Pourquoi pas lancer une chaîne YouTube, un podcast, écrire un livre… Je ne suis vraiment fermé à aucune possibilité. Il me faut simplement du temps et, avec le jardin, mon travail, la radio (lire ci-contre), les réseaux sociaux, je n’en ai pas trop… Je voudrais que mes journées durent quarante-huit heures ! Là, ça me changerait réellement la vie !

Et pour demain, une idée pour changer le monde ?

Il faudrait que nous soyons plus sensibles à ce que la nature nous offre. C’est déjà en train de changer un peu, dans le bon sens. Planter, semer des graines… Sans les grandes surfaces pour faire leurs achats d’alimentation, les gens seraient bien incapables de cultiver leur nourriture. Tout cela devrait faire partie intégrante de l’éducation, que ce soit à l’école, à la maison ou même avec les médias. C’est ce que j’essaie de transmettre sur les réseaux sociaux. Ce genre d’apprentissage n’est jamais perdu.