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Les inégalités scolaires ne se creusent pas seulement à l'école primaire

Selon une note de France Stratégie, les inégalités se cumulent tout au long de la scolarité des élèves, dès la petite enfance. L'origine sociale joue un rôle déterminant.

Le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, veut « mettre le paquet » sur les savoirs fondamentaux « à tous les niveaux » (photo d'illustration).
Le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, veut « mettre le paquet » sur les savoirs fondamentaux « à tous les niveaux » (photo d'illustration). (SEBASTIEN BOZON/AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 6 sept. 2023 à 18:48Mis à jour le 6 sept. 2023 à 18:55

A l'heure où le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, parle de « choc des savoirs » et de « mettre le paquet » sur les savoirs fondamentaux « à tous les niveaux » scolaires, une étude de France Stratégie, un organisme rattaché à Matignon, montre que les inégalités scolaires se construisent tout au long du parcours des élèves, et pas seulement au primaire.

Dans la fabrique des inégalités, plusieurs facteurs interviennent - le genre, l'ascendance migratoire et l'origine sociale. Mais c'est ce dernier élément qui pèse le plus.

A la crèche et après

France Stratégie rappelle les résultats de l'étude Pisa : selon les tests réalisés sur des élèves de 15 ans, 107 points séparent un élève d'origine favorisée et un autre d'origine défavorisée dans l'Hexagone. En moyenne dans les pays de l'OCDE, l'écart n'est que de 88 points.

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Les inégalités débutent avant l'école. « La petite enfance pose les fondations de ces inégalités de parcours, explique Peggy Furic, l'une des auteures de la note. Les bénéfices des crèches, en termes de développement, sont très positifs et ils sont d'autant plus forts que les enfants sont issus d'une famille défavorisée. Pourtant, ce sont ces derniers qui y ont le moins accès. »

A l'école élémentaire aussi, de nouveaux écarts vont se creuser : la moitié des écarts observés en CM2 étaient déjà observables au CP, selon la note, qui souligne ainsi que « l'autre moitié des écarts résulte donc de disparités apparues entre le CP et le CM2 ».

L'étude ne dit rien, toutefois, des effets des dédoublements des petites classes ni de la scolarisation à trois ans en maternelle. Les élèves arrivent au collège « diversement armés », poursuivent leurs auteures et « le collège unique l'est moins qu'il y paraît », puisque les élèves d'origine défavorisée sont surreprésentés dans les classes relais, dans les Segpa - qui accueillent les enfants en grande difficulté - ou en CAP.

« Un mécanisme cumulatif »

Ces inégalités se creusent au lycée avec le choix des spécialités qui débouchent sur « des poursuites d'études aux rendements différenciés sur le marché du travail », selon France Stratégie. L'enseignement supérieur « prolonge et cristallise les inégalités de parcours construites par un mécanisme d'accumulation ». A niveau scolaire équivalent, des élèves issus de milieux défavorisés vont moins s'orienter vers l'enseignement supérieur, relève l'étude.

« Les inégalités se construisent donc tout au long du parcours et elles se cumulent à chaque étape et aux moments de l'orientation qui sont vraiment des points de bifurcation », insiste Gilles de Margerie, commissaire générale de France Stratégie. « Il se passe des choses à chaque étape. » « Il y a un mécanisme cumulatif important qui commence très tôt et conduit à mettre le paquet sur le primaire ou à prioriser les étapes précoces de la scolarité, explique Johanna Barasz, l'une des coauteures. Mais il est important de ne pas reporter systématiquement à l'étape précédente la cause des inégalités, il y a une vraie réflexion à mener sur l'articulation entre la priorité au primaire - qu'il faut continuer à alimenter - et les autres étapes de la scolarité, pour résorber les inégalités. »

Cette résorption « dépasse l'enseignement des seuls établissements en éducation prioritaire », conclut-elle. Une donnée non négligeable, alors que la réforme de la carte de l'éducation prioritaire n'a cessé d'être reportée ces dernières années.

Marie-Christine Corbier

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