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« Un jeune en lycée professionnel n’a pas le luxe de choisir son avenir »

Dans une tribune au « Monde », Marie-Aleth Grard, présidente de l’association ATD Quart Monde, explique comment la réforme annoncée des filières professionnelles, si elle bénéficie aux entreprises, se fera au détriment de la qualité de l’enseignement.

Publié le 01 septembre 2023 à 13h00 Temps de Lecture 2 min.

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A la fin du collège, Esteban n’a pas vraiment eu le choix. Lui qui, après des stages en carrelage, voulait poursuivre dans cette voie professionnelle, a été orienté vers un CAP froid-climatisation. Entre déception et sentiment d’échec, il a finalement abandonné avant l’obtention de son diplôme. Un exemple qui est loin d’être une exception.

Si certains choisissent de leur plein gré leur voie professionnelle, beaucoup de jeunes subissent une orientation qu’ils n’ont pas choisie. Et, souvent, ce sont des élèves qui cumulent difficultés économiques et sociales : 57 % de ces élèves sont issus de milieux défavorisés (contre 29,9 % en lycée général et technologique), et seuls 8 % sont des enfants de cadres.

C’est sans doute pourquoi la réforme du lycée professionnel, qui sera mise en œuvre dès la rentrée de septembre, ne fait pas grand bruit. Alors que le moindre changement dans la voie générale peut faire descendre enseignants, lycéens et parents dans la rue, la voie professionnelle se fait réformer dans la quasi-indifférence. Certes, de premier abord, proposer de passer plus de temps en entreprise à des jeunes se destinant à s’insérer rapidement sur le marché de l’emploi après leur bac peut sembler une idée intéressante. Et pourtant…

Autant de temps hors de l’école

D’abord, cette volonté se heurte à un principe de réalité : la difficulté, notamment pour les jeunes issus des milieux les plus défavorisés, de trouver des stages. Souvent isolés et peu mobiles, sans réseau et éloignés des codes des entreprises, nombreux sont ceux qui ne parviennent déjà pas à trouver de stage, et donc à valider leur diplôme.

Au-delà de ces préoccupations pratiques, l’idée d’augmenter les périodes de stage pose des questions plus profondes : celle de l’éducation et des chances que l’on souhaite donner aux élèves qui sont les moins bien lotis socialement. Davantage de périodes de stage, c’est autant de cours qui disparaissent. Autant de temps hors de l’école.

Or, le lycée professionnel accueille des élèves parmi lesquels on compte les jeunes les plus heurtés par l’école – ceux à qui il faudrait justement fournir du temps pour reconsolider un parcours, reconstruire une confiance en soi, renforcer les savoirs fondamentaux. Augmenter les périodes de stages, c’est priver les élèves les plus fragilisés d’un enseignement global et ambitieux, et d’une éducation de qualité, qui allie avec équilibre les apprentissages pratiques et théoriques.

Pour être positif, on pourrait saluer la volonté du gouvernement d’enfin rémunérer les élèves de lycée professionnel lors de leurs périodes de stage. Encore faudrait-il que ces maigres indemnités ne viennent pas pénaliser les familles les plus précaires, qui perçoivent des minima sociaux.

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