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« La crise du logement est violente. Les chiffres sont encore pires que ce qu’on pouvait anticiper »

Véronique Bédague, la PDG du groupe immobilier Nexity, alerte depuis plusieurs mois sur la situation très dégradée du logement en France. Elle estime, dans un entretien au « Monde », ne pas avoir été entendue par l’exécutif et prévient que la crise va se durcir, aggravant les risques sociaux qui vont avec.

Propos recueillis par  et

Publié le 07 septembre 2023 à 05h37, modifié le 07 septembre 2023 à 12h01

Temps de Lecture 8 min.

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Véronique Bédague, la PDG du groupe immobilier Nexity, lors de l’université d’été du Medef, à Paris, le 28 août 2023.

Patronne de Nexity, l’un des plus importants groupes français d’immobilier, Véronique Bédague analyse la crise du logement qui frappe le pays. L’ancienne directrice du cabinet de Manuel Valls à Matignon, pressentie pour être première ministre au printemps 2022 (elle a finalement refusé), ne cache pas la gravité de la situation et fustige l’immobilisme du pouvoir actuel.

Ce n’est pas la première fois que vous sonnez l’alarme sur la crise du logement, mais celle-ci s’aggrave. Quelle est la nature de cette crise ?

J’ai alerté dès le mois d’octobre [2022]. J’adresse à ce moment-là une lettre au président de la République, au premier ministre et aux ministres concernés. Je les mets en garde sur ce qui est en train d’arriver maintenant : une restriction majeure des crédits immobiliers, avec des prêts en recul de 45 % sur un an. Dans n’importe quelle industrie où les clients se voient coupés de leurs moyens de paiement dans une telle proportion, quelqu’un regarderait ce qui se passe. On alerte aussi sur les conséquences : il y aura moins de production de logements neufs, une raréfaction des possibilités de location et, au bout du compte, les plus modestes, les plus fragiles, vont se retrouver dehors. Il y a aujourd’hui 2 000 enfants à la rue en France, ça me choque.

Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Logement : aux racines d’une crise que le gouvernement tarde à affronter

L’histoire était écrite, elle a lieu. C’est la chronique d’une crise annoncée, et elle est violente. Les chiffres sont encore pires que ce qu’on pouvait anticiper. Entre avril 2022 et mars, les réservations de logements neufs ont chuté de 45 %, et c’est encore plus fort pour les maisons individuelles. Il y a 13 % de logements mis en chantier en moins, et le mouvement va s’accentuer, avec un effet sur l’emploi dans le secteur du bâtiment et travaux publics [BTP]. Dans notre métier de promoteur, on voit à l’avance ce qui va se produire. Nous n’avons pas été entendus. Il fallait traiter la crise alors qu’elle était en train de se nouer, et non pas attendre qu’elle soit installée, parce que alors, cela coûte beaucoup plus cher.

Comment la situation évolue-t-elle en cette rentrée ?

La production de crédits ralentit encore, donc nous allons enregistrer moins de réservations, et nous lancerons moins de chantiers. Or, le logement neuf met de l’huile dans les rouages, il permet le mouvement. Pourtant, on dissuade l’investissement immobilier, qui n’est pas traité à égalité avec les autres placements. Il est surtaxé. Et l’avantage Pinel [qui permettait aux particuliers acquérant des appartements neufs pour les louer à des locataires modestes de bénéficier d’une réduction d’impôt] a été supprimé.

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