Les universités recèleraient-elles quelques richesses cachées ? L’idée, distillée fin 2022 au début de la crise énergétique, quand les montants des factures se sont envolés, a été réitérée par la ministre de l’enseignement supérieur, vendredi 8 septembre. Devant la presse, Sylvie Retailleau a chiffré à 1 milliard d’euros « l’argent public qui dort » dans les fonds de roulement des établissements.
Ces fonds constituent, pour chacune des soixante-douze universités, une réserve financière consacrée aux investissements tels que l’achat de gros équipements pédagogiques ou la rénovation de bâtiments. En pratique, les sommes détenues sont largement convoitées par l’Etat, pour financer la majeure partie des mesures liées au pouvoir d’achat des fonctionnaires.
L’augmentation de 1,5 % du point d’indice – qui sert à calculer le traitement des agents publics – à partir du 1er juillet fait suite à une première hausse de 3,5 %, en 2022, et devrait rester en grande partie non compensée par l’Etat. Ce coup de pouce financier pour les fonctionnaires créera cette année pour les universités une dépense supplémentaire de 400 millions d’euros, selon l’association France Universités, qui rassemble les présidents d’établissement.
« Ce montant ne peut être absorbé par les établissements sans altérer, à court comme à long terme, l’accueil et la formation des étudiants, la recherche et l’innovation, et les projets de décarbonation des campus voulus par le président de la République », ont-ils prévenu. France Universités s’étonne que les établissements soient perçus comme une « variable d’ajustement » par un gouvernement qui « peine à se convaincre que l’enseignement supérieur et la recherche constituent un investissement pour la jeunesse et le pays tout entier ».
Devant l’association réunie en congrès le 30 août, la ministre avait pourtant été « claire », rapporte-t-elle à la presse. « Il y a environ 1 milliard d’euros dans les fonds de roulement, non utilisés et non fléchés », et tout établissement a « la responsabilité de contribuer à réduire la dette », selon Sylvie Retailleau. « C’est ce qui est demandé aux universités. Elles l’ont compris », a-t-elle tranché.
« Elles doivent faire beaucoup mieux »
Les propos de la ministre entrent en résonance avec ceux, très fermes, tenus par Emmanuel Macron quelques jours plus tôt. Face au youtubeur Hugo Travers, le 4 septembre, il avait clairement indiqué que les universités n’étaient pas une priorité budgétaire, car elles n’avaient tout bonnement « pas de problèmes de moyens ». Prenant le contre-pied de plusieurs recherches, telle celle du Conseil d’analyse économique publiée fin 2021, qui actait un sous-financement continuel de l’enseignement supérieur depuis les années 2010, le chef de l’Etat avait même tenu comptables les universités d’une « forme de gâchis collectif », estimant que, « avec leur budget, [elles devaient] faire beaucoup mieux ».
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