En France, les écoliers ont beaucoup plus d'heures qu'ailleurs pour apprendre à lire et compter
L'OCDE a publié ce mardi son rapport annuel sur l'éducation. Dans le primaire, la France dispense beaucoup plus d'heures dans les savoirs dits fondamentaux, sans pour autant avoir de meilleurs résultats.
La France fait plus, mais pas mieux. Elle donne plus d'heures à ses élèves qu'ailleurs pour apprendre à lire et à compter, mais sans obtenir de meilleurs résultats.
Selon le rapport annuel « Regards sur l'éducation » de l'OCDE, publié ce mardi, le nombre d'heures de français et de mathématiques dispensées aux élèves de l'école élémentaire atteint 59 % du temps scolaire, dont 38 % consacrés au français et 21 % aux mathématiques. A titre de comparaison, la moyenne de l'OCDE est de 25 % et 16 %, respectivement pour la compréhension de l'écrit (lecture, expression écrite et littérature) et les mathématiques.
La France détient le record du nombre d'heures dans ces deux disciplines qui correspondent aux fameux savoirs fondamentaux mis en avant par le gouvernement. Paradoxalement, à chaque échéance électorale, des politiques de tous bords n'ont pourtant de cesse de réclamer plus de français et de mathématiques.
Des performances françaises sous la moyenne
Malgré ce volume d'heures, « les performances des élèves français au niveau du CM1 sont sous la moyenne des pays européens », constate Eric Charbonnier, expert en charge de l'éducation à l'OCDE. Il évoque l'étude internationale Pirls , publiée en mai, où les compétences en lecture et en compréhension des élèves français de CM1 étaient restées, en 2021, sous la moyenne européenne, même si elles se sont stabilisées. En mathématiques, l'étude TIMSS de 2020 faisait aussi état d'un niveau jugé beaucoup trop faible et inférieur à la moyenne des pays européens.
« On comprend bien que ce n'est pas juste le volume horaire qui va faire la différence, poursuit Eric Charbonnier, mais la qualité de l'éducation fournie sur un volume horaire. »
Le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, ne cesse de marteler qu'il veut « un choc des savoirs fondamentaux » , mais « ce n'est pas seulement une question d'heures de cours », a-t-il admis, ce mardi, depuis le siège de l'OCDE à Paris. « Nous consacrons plus d'heures que d'autres pays européens au primaire, c'est donc aussi une question de pédagogie et de réponse aux besoins des élèves que le modèle des demi-groupes permet de renforcer très significativement », affirme Gabriel Attal. Le ministre vante aussi les dédoublements des petites classes.
Et si, pour des raisons budgétaires, il fallait choisir entre réduire la taille des classes et avoir un bon professeur ? « Entre un meilleur enseignant et une petite classe, choisissez le meilleur enseignant », répond Andreas Schleicher, directeur en charge de l'éducation à l'OCDE.
En matière budgétaire, l'éducation est « un domaine préservé », se félicite Gabriel Attal. Entre 2022 et 2024, le budget de l'Education nationale aura progressé de plus de 7 milliards d'euros, souligne-t-il, en évoquant 13 % d'augmentation en deux ans.
13 %
d'augmentation du budget de l'Education nationale entre 2022 et 2024.
La qualité, c'est aussi une question de formation, insiste l'OCDE. « Il faut une formation continue qui soit à la hauteur et ciblée sur les besoins des enseignants », insiste Eric Charbonnier.
Et lorsque l'organisation relève que les enseignants français de maternelle sont « plus qualifiés » qu'ailleurs, ce n'est surtout pas pour remettre en cause leur diplôme de master. Mais pour plaider en faveur d'une formation complémentaire, sur la pédagogie par le jeu et les spécificités de la petite enfance.
En matière de spécificité, l'OCDE évoque aussi les vacances scolaires. Contrairement aux idées reçues, l'Hexagone a moins de vacances d'été que dans la moyenne de l'OCDE - huit semaines au lieu de neuf. Les vacances intermédiaires sont, elles, plus nombreuses en France.
Mais ce qui importe, conclut Eric Charbonnier, c'est surtout de « mieux utiliser le volume horaire existant » et « d'apporter de la qualité », de « diminuer le nombre d'heures perdues » et de « réfléchir sur le mois de juin », « plutôt que de penser à raccourcir les vacances, quelles qu'elles soient ».
Marie-Christine Corbier