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« Face au désastre planétaire, j’ai cru pouvoir agir grâce à mes études. Mais c’est faux »

« Premières fois » : récits de moments charnières autour du passage à l’âge adulte. A 21 ans, James Amar, « ex-futur ingénieur », vient de démissionner de sa grande école avant même d’être diplômé.

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Publié le 17 septembre 2023 à 06h00

Temps de Lecture 5 min.

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La première fois que j’ai réalisé que mon cursus à CentraleSupélec avait peu de valeur à mes yeux, c’était en mai 2022 quand mes parents m’ont demandé ce que j’allais faire si je ne cherchais pas de stage ouvrier, obligatoire en fin de première année. Je leur ai répondu que ce n’était pas très grave et que, finalement, je n’en avais rien à faire de ce diplôme. C’est le moment où j’ai commencé à me dire : « A quoi ça sert de penser à un avenir, quand on sait qu’il sera désastreux ? Et même, à quoi ça sert de vivre, c’est quoi ce délire ? » J’ai connu une très grosse perte de repères, je n’allais vraiment pas bien.

Pourtant, être admis à CentraleSupélec, narcissiquement, c’était pas mal. Les gens te considèrent. Il y a une reconnaissance sociale qui fait qu’on ne peut pas renoncer, comme ça, de but en blanc. J’y suis entré en septembre 2021, après deux années de prépa compliquées. J’ai toujours vécu à Paris : j’ai fait mon lycée à Janson-de-Sailly, dans le 16e arrondissement, puis je suis entré en prépa à Louis-le-Grand, dans le 5e, en MPSI [mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur] puis en MP-étoile [classe préparatoire de mathématiques et physique qui regroupe les meilleurs élèves de MPSI]. C’est enrichissant mais plus on approche des concours, plus on est mis face à ses propres échecs, et plus la pression s’installe. C’est un apprentissage à la dure : je trouve ça lourd, à force, de se préparer autant au haut du panier, même si j’en garde de très bons souvenirs.

Au départ, j’avais plutôt envie de faire des maths, je pensais faire de la recherche. Devenir ingénieur n’était pas ma première idée, mais comme tout le monde dit qu’on peut tout faire en école d’ingénieurs, c’était bien aussi. J’ai raté les admissibilités de Polytechnique et de l’ENS [Ecole normale supérieure]. Alors j’ai voulu les Mines, pour rester à Paris et garder cette ouverture. J’ai mis Centrale en deuxième choix, ça m’intéressait un peu moins mais c’était un grand nom. Mais n’ayant pas les Mines non plus, j’ai fini par admettre que Centrale était un endroit avec beaucoup de possibilités. Je me disais aussi : « J’ai un avenir assuré, j’ai réussi en fait, c’est pas dégueu. » L’autre bonne nouvelle, c’était que la prépa était finie. Je sortais de cette pente émotionnelle pas saine.

« Grosse désillusion »

En arrivant à CentraleSupélec, on découvre tout le monde associatif, toute cette société super stimulante. On peut s’investir dans plein de projets extrascolaires de grande ampleur. Le cursus est très bien présenté : on imagine qu’on va être amené à jouer un rôle important, à avoir un impact. Et puis on va pouvoir faire la fête, après les années de prépa, le Covid… On peut enfin s’amuser !

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