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«Les jeux vidéo sont une chance pour la France» : Emmanuel Macron tente de reconquérir les «gamers»

Le chef de l’État aux côtés du streamer ZeratoR, en juin 2022.
Le chef de l’État aux côtés du streamer ZeratoR, en juin 2022. JULIEN DE ROSA / AFP

«On a le sentiment, parfois, que certains [jeunes] vivent, dans la rue, les jeux vidéo qui les ont intoxiqués», avait déclaré le chef de l’État, en juin dernier, vexant la communauté des fans.

Le chef de l’État s’adresse à la communauté des «gamers». Dans un texte publié sur les réseaux sociaux ce samedi, Emmanuel Macron est revenu longuement sur sa vision des jeux vidéo. «J'ai fait bondir les gamers» il y a quelques semaines, reconnaît-il, assurant avoir pourtant toujours considéré le 10e art comme «une chance pour la France, pour notre jeunesse et son avenir, pour nos emplois et notre économie».

En juillet dernier, le président de la République avait suscité une polémique en insinuant que les jeux vidéo avaient une responsabilité dans les émeutes qui avaient éclaté un peu partout en France, à la suite de la mort de Nahel. «Les plateformes et les réseaux sociaux jouent un rôle considérable dans les mouvements des derniers jours. [...] On a le sentiment, parfois, que certains [jeunes] vivent, dans la rue, les jeux vidéo qui les ont intoxiqués», avait-il alors déclaré.

Ces propos avaient suscité l’ire de nombreux acteurs, y compris du secteur, qui s’agaçaient de voir leur média favori une nouvelle fois pointé du doigt par des responsables politiques. «La corrélation entre jeux vidéo et comportements violents est une légende urbaine que les études scientifiques ont démentie», avait rétorqué le député insoumis Ugo Bernalicis, quand le média spécialisé américain, PC Gamer, avait qualifié les propos du président de «tas de merde».

Jeudi matin sur France Inter, la star de Twitch Kameto, à la tête du club e-sport Karmine Corp, s’est dit s’être senti «un peu trahi, dans le sens où tout le monde de l'e-sport était venu à l'Élysée [en juin 2022] pour la reconnaissance de l'e-sport. Et un an plus tard, dès qu'il y a une carte à jouer, ça la joue. J’ai bien appris de cette histoire.»

Le streamer dit «avoir regretté» de s’être rendu à l’Elysée «car c’était de la récupération [politique] évidente», l’évènement ayant été organisé à quelques jours des élections législatives. «J’y suis allé à contre-coeur, et on a vu le retournement de situation avec les propos» du président durant les émeutes.

«Vous pouvez compter sur moi»

Le chef de l’État fait son mea culpa. «J'ai exprimé mes préoccupations fin juin car les codes du jeu vidéo avaient été utilisés par des délinquants pour banaliser la violence sur les réseaux sociaux. C'est cette violence que je condamne, pas les jeux vidéo», précise-t-il. «Culture», «divertissement», «spectacle», «terrain d’expérimentation artistique», «espace d’apprentissage fascinant», «sport», «écosystème», «lieux de partage»... Le locataire de l’Élysée ne se montre pas avare de qualificatifs mélioratifs pour désigner le loisir vidéoludique et convaincre les «gamers» de son respect pour cette activité. Il rappelle par ailleurs le poids de l’e-sport, qui a rassemblé une «jeunesse bouillonnante» ce samedi soir à La Défense Arena, à l’occasion d’une compétition.

Emmanuel Macron salue par ailleurs le dynamisme économique du secteur du jeu vidéo, dans lequel l’écosystème tricolore peut compter sur des poids lourds, comme «Assassin’s Creed ou encore Dofus». «Nous en sommes fiers [...]. Les jeux vidéo offrent des opportunités pour l'emploi et l'avenir, en faisant naître des champions, mais aussi des ingénieurs, des développeurs, des designers et des créateurs», note-t-il. Le chef de l’État conclut ensuite sa missive en promettant qu’il continuera «à accompagner l'organisation des grands événements en France, agir pour soutenir le secteur et l'aider à se développer». «Vous pouvez compter sur moi», lance-t-il enfin aux joueurs.

«Un message d’apaisement attendu par les professionnels»

«Ce message d'apaisement était très attendu par les professionnel(le)s du jeu vidéo et l'ensemble des acteurs et actrices de notre écosystème. La première industrie culturelle dont la France est un des leaders dans le monde mérite cette reconnaissance du Président de la République» a commenté le Syndicat national du jeu vidéo (SNJV), qui représente les studios de création français.

Son délégué général Julien Villedieu rappelle dans un message sur LinkedIn adressé au président que «la fragilité des entreprises de production de jeux vidéo est réelle dans une industrie qui innove et change de paradigme tous les cinq ans. Nous comptons sur votre gouvernement pour saisir la chance que nous avons d'avoir en France ces dizaines de milliers d'emplois au sein de ces milliers d'entreprises sur notre territoire.» Parmi les revendications du syndicat patronnal, «préserver et amplifier le crédit d'impôt jeux vidéo mis en place il y a 15 ans déjà et qui a su endiguer la fuite des talents vers l'étranger.»

Nicolas Vignolles, délégué général du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), qui représente les éditeurs de jeux vidéo, salue «une clarification très claire et bienvenue. Maintenant on vous attend à la Paris Games Week pour joindre la parole aux actes?» Ce salon du jeu vidéo est organisé depuis plus de dix ans par le SELL. L’an passé, six membres du gouvernement s’y étaient rendus.

Par le passé, Emmanuel Macron avait déjà tendu la main à plusieurs reprises aux amateurs de jeu vidéo. Il avait par exemple reçu plusieurs streamers, comme ZeratoR, à l’Élysée, en juin 2022, et promis, à cette occasion, une «nouvelle ère» pour l’e-sport. Il avait ensuite publié une vidéo en soutien aux joueurs qui récoltaient des dons dans le cadre du ZEvent, en septembre dernier. Reste à voir si les joueurs seront convaincus par son nouveau plaidoyer.


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176 commentaires
  • 0ltariev

    le

    Avec le droit à la paresse, la France veut devenir championne du jeu : Quel belle perspective !

  • Idunn

    le

    Macron : "... les jeunes intoxiqués par les jeux-vidéos"
    Macron, quelques semaines plus tard, après avoir été recadré par ses conseillers: " Les jeux-vidéos, une chanssse pour la France".
    Bel exemple du "en même temps qui le (Macron) caractérise". Il va commander à zirator des jeux-vidéos pour illustrer les émeutes de juillet... Ce sera croquignolesque...

  • Sans-dents

    le

    Après avoir dragué les catholiques (messe papale à Marseille), voici qu'il drague les "gamers" !
    Pitoyable, à l'image du personnage.Tant de bassesse laisse pantois …
    Tout ce déshonneur pour se rallier des voix est pathétique.
    Avec F. Hollande, j'avais pitié ;
    Avec E. Macron, j'ai honte.

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