Ces trois innovations qui pourraient transformer durablement la pêche
Pour sortir de la crise actuelle et s'engager vers une gestion plus durable de la ressource, la pêche française accélère le développement d'innovations.
1. Le chalut « intelligent »
Eviter les prises accidentelles et supprimer les fastidieuses opérations de tri sur le pont. C'est l'objectif du projet Game of Trawls conduit par l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) en partenariat avec le comité des pêches du Morbihan, l'équipementier Marport et le laboratoire Irisa (Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires) de Vannes.
Leur mission : rendre le filet « intelligent » en le dotant de capteurs et de caméras capables d'identifier, sous l'eau, la nature des espèces. « Nous avons nourri une base de données pour le système d'intelligence artificiel, puis développé un mécanisme de pilotage automatique des trappes de sortie pour les espèces non ciblées », explique Julien Simon, ingénieur technologie halieutique à l'Ifremer.
Ce projet de recherche a nécessité 2 millions d'euros de financement. Il a permis de faire la preuve du concept et de mettre au point un prototype. Lourd et volumineux, celui-ci n'est toutefois « pas déployable en l'état », selon le responsable. Les partenaires vont l'affiner en vue d'une industrialisation, d'ici à 2028.
2. Une pile à hydrogène pour les bateaux
En mer aussi, l'hydrogène pourrait être une alternative au gasoil. C'est du moins la conclusion du projet de recherche Pilothy, porté par sept membres de l'Interprofession du port de Concarneau (Finistère), dont les résultats seront dévoilés fin septembre. L'étude de faisabilité a démontré la possibilité de l'intégration d'une pile hydrogène à bord d'un navire existant. En l'occurrence, l'« Anita Conti », l'un des neuf chalutiers d'un armateur local, Julien Le Brun.
« Nous visons les chalutiers de 12 à 25 mètres et la transformation des navires anciens, plus avantageuse que les constructions neuves », indique Jean-François Ansquer, architecte naval au sein de Coprexma, bureau d'études basé à Pont-l'Abbé. Selon les conclusions de l'étude, ce système à hydrogène pourrait couvrir entre 10 % et 20 % des besoins en énergie du bateau, en alimentant le système de froid, les éléments de confort du bord (électricité, chauffage…) et même les treuils du chalut.
3. Des filets biodégradables
Développés après dix ans de R&D par la société SeaBird, basée à Larmor-Plage (Morbihan), des filets de pêche biodégradables ont été testés avec succès durant l'été 2020. Soutenu par l'Office français de la biodiversité - notamment dans le parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale - et financé par le Fonds européen pour les affaires maritimes, le projet a permis de mettre au point un filet, capable de se dégrader totalement en moins de dix ans, contre plus de 400 pour un modèle en plastique. L'entreprise espère investir dans une usine de 1.000 m2 d'ici à deux ans pour faire passer sa production de 150 tonnes à 1.000 tonnes chaque année.
Guillaume Roussange (Correspondant à Rennes)