L’objectif a été énoncé d’une phrase par Gabriel Attal lors de sa conférence de presse de rentrée, le 28 août : « Qu’à la rentrée 2024, plus aucun élève ne soit privé de son professeur en raison d’une formation, ou d’une contrainte administrative. » Sur les quinze millions d’heures non assurées en collège et lycée, environ 10 % sont dues à la formation. Mais depuis son entrée en fonctions au mois de juillet, le ministre de l’éducation nationale, qui a fait des absences non remplacées une « priorité », a plusieurs fois estimé qu’il n’était « pas concevable [qu’autant] d’heures de formations ou de réunions pédagogiques soient proposées [par l’éducation nationale] aux enseignants sur leur temps de cours ».
En parallèle, de fortes incitations à développer en priorité le remplacement de courte durée dans le cadre du « pacte enseignant », consigne a ainsi été passée dans les rectorats d’organiser la moitié des formations continues en dehors des heures d’ici à juin 2024, et la totalité à partir de septembre 2024.
Sur le terrain, la soudaine application de cette directive fait l’effet d’une déflagration. Les professeurs des écoles étant déjà très majoritairement formés en dehors de leur temps de classe, le nouveau paradigme concerne essentiellement les enseignants du second degré, pour qui la formation n’a jamais été incluse dans les « obligations de service », limitées aux heures de cours.
Les acteurs de la formation, qui doivent reprogrammer les projets finalisés depuis le printemps, sont invités par le ministère à explorer plusieurs pistes : travailler la coordination avec les établissements pour trouver des plages horaires communes à certains enseignants, proposer des formations partiellement ou entièrement à distance, en fin de journée – sur des horaires que le ministère ne souhaite pas définir –, ou bien divisées en plusieurs sessions d’une ou deux heures plutôt que pensées sur une journée.
Visioconférence entre 18 heures et 20 heures
« C’est un chantier énorme et très complexe », juge Vincent Valéry, le directeur de l’école académique de formation d’Aix-Marseille, où 120 000 journées de formation sont proposées. « On ne peut pas se contenter de modules à distance, les enseignants ont besoin de se retrouver et d’échanger, poursuit-il. Or, pour le présentiel, les mercredis après-midi ne suffisent pas et les emplois du temps en collège et lycée sont tellement différents qu’on ne peut pas trouver des créneaux qui correspondent à tout le monde. »
« Il faut s’assurer que les formations n’empiètent pas sur le temps de cours, donc que l’enseignant n’ait pas classe, soit remplacé, ou rattrape son cours », fait valoir le ministère, reconnaissant qu’il s’agit d’une « transformation importante ». La Rue de Grenelle affirme toutefois qu’il n’est pas question de déporter les formations en dehors du temps de travail : « Nous ne demandons pas qu’elles soient organisées le soir ou sur les vacances scolaires. »
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