Les grandes écoles en manque de diversité : épisode • 4 du podcast Quels sont les problèmes des étudiants en 2023 ?

Seulement 7% des enfants d'ouvriers accèdent aux grandes écoles. ©Getty - Maskot
Seulement 7% des enfants d'ouvriers accèdent aux grandes écoles. ©Getty - Maskot
Seulement 7% des enfants d'ouvriers accèdent aux grandes écoles. ©Getty - Maskot
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C'est la rentrée universitaire et les photos de promos défilent. Une photo d'une grande école de journalisme a interpellé la twittosphère. Aucune personne non-blanche dans les futurs journalistes. Pour les minorités, intégrer et s'adapter aux grandes écoles restent compliqué.

Laurie a fait parler d'elle sur les réseaux sociaux. Elle a pointé du doigt le manque de diversité dans une école de journalisme. Cette jeune femme noire a essayé d'intégrer une de ces écoles sélectives deux années consécutives, en vain. Pendant toute sa préparation aux concours, elle a ressenti comme un malaise. Pour elle, évoquer le manque de personnes non-blanches dans les écoles était comme un tabou. En oral blanc, on lui a posé la question "pourquoi on devrait vous prendre vous plutôt que qu'un autre ?" La jeune femme répond alors : "votre école manque de personnes comme moi. Ce serait bien qu'il y ait plus de diversité." La journaliste en face d'elle lui répond alors qu'elle n'aurait pas dû dire ça, un propos qui confirme ces doutes. Laurie ne perd pas espoir : elle sera journaliste même si elle n'intègre pas d'école.

Attention, il ne faut pas faire de raccourcis. On ne peut pas faire de statistiques sur la couleur de peau en France. Le directeur de l'observatoire des inégalités insiste vraiment là-dessus. Louis Maurin constate cependant que des inégalités persistent dans l'enseignement supérieur. "Les catégories populaires sont très peu représentées dans les grandes écoles. Dans les classes prépa, on compte 7% d'ouvrier et 53% d'enfants de cadres supérieurs" détaille-t-il.

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"Un mec m'a dit, tu es le quota"

Les personnes non blanches issues de l'immigration qui proviennent des catégories populaires sont d'autant plus exposées au phénomène. C'est le cas d'Inès. La journaliste franco-marocaine a intégré un IEP (institut d'études politiques) sur concours à 19 ans, et elle a été choquée. "La première soirée d'intégration, un mec m'a dit 'tu es le quota (diversité ndlr) toi' alors que les concours sont anonymes" explique la jeune femme. Elle se rend compte que l'écart entre elle et les autres est énorme. "J'étais vu comme la meuf qui écoutait du rap et kiffait le Real Madrid. Je lisais pas des livres mais j'allais en concert de rap et écoutait les albums de PNL", conclue Inès.

Sarah* a elle aussi intégré un IEP. Le problème s'est posé quand elle a voulu postuler en stage de fin d'études. Cette franco-algérienne a eu le sentiment d'être mise de côté par rapport à d'autres profils. Malgré son master et le fait qu'elle cochait toutes les cases, Sarah n'a pas trouvé de stage. "Ca a failli me couter un redoublement parce que je cherchais absolument dans la diplomatie. Je voulais être dans la fonction publique". Finalement, elle effectue son stage dans le privé dans un domaine un peu différent. La situation lui convient même si comme les autres personnes interrogées, elle ressent un peu de rancœur. Pourtant les écoles continuent de communiquer sur des politiques de diversité que l'on a du mal à voir.