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Décryptage

Pourquoi la réforme des bourses étudiantes ne verra pas le jour avant 2025

La ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, veut remettre à plat le système des bourses étudiantes. Après la revalorisation qui vient d'entrer en vigueur, le deuxième volet de la réforme dite « structurelle » doit s'articuler avec le système national de solidarité à la source.

La Fage, première organisation étudiante, ouvrira sa quarantième épicerie solidaire, le 3 octobre, à Avignon (ici dans une épicerie solidaire à Nice).
La Fage, première organisation étudiante, ouvrira sa quarantième épicerie solidaire, le 3 octobre, à Avignon (ici dans une épicerie solidaire à Nice). (Syspeo/Sipa)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 28 sept. 2023 à 18:34Mis à jour le 28 sept. 2023 à 18:42

La réforme des bourses étudiantes, ce sera finalement « pour la rentrée 2025 » : c'est ce qu'a indiqué la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, ce jeudi sur France Culture. Ce chantier, affiché comme « prioritaire » par l'exécutif et véritable arlésienne depuis 2019, devait aboutir pour la rentrée 2024, après une réforme en deux temps. Le premier volet, budgétaire, se concrétise en cette rentrée, avec 37 euros de plus par mois pour tous les étudiants boursiers . Mais le deuxième volet, dit « structurel », prendra plus de temps que prévu.

« Ce report à 2025 ne nous convient pas du tout, c'est trop long au vu de la précarité étudiante, au départ c'était clairement prévu pour 2024 », réagit Maëlle Nizan, la toute nouvelle présidente de la Fage, première organisation étudiante.

Vérifier qu'il n'y aura pas de perdants

Pourquoi est-ce si long ? Le gouvernement considère que le modèle actuel des échelons n'est plus adapté, et veut bâtir un système de solidarité à la source, pour favoriser l'accès aux droits et réduire le non-recours aux aides. « C'est un travail complexe en termes d'évolution des systèmes d'information, il ne s'agit pas de louvoyer, de reculer aux calendes grecques, mais de garantir un accès cohérent pour tous les étudiants qui en ont besoin », indiquait Sylvie Retailleau, début septembre, lors de sa conférence de rentrée.

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Le ministère de l'Enseignement supérieur fait ses simulations pour vérifier qu'il n'y aura pas de perdants, et le ministère des Solidarités voudrait articuler la future réforme des bourses avec celle de la solidarité à la source menée au niveau national et prévue courant 2025. Les deux ministères assurent avancer conjointement.

Faire coïncider avec les bourses de l'Education

Mais des avis optimistes n'envisagent un début de mise en place de la réforme nationale de la solidarité à la source qu'en 2026. Et Sylvie Retailleau s'est fixé la rentrée 2025 comme date butoir pour faire évoluer le système… Il pourrait alors être réformé quand même, mais différemment.

Dans les travaux en cours, figure notamment le passage au revenu fiscal de référence pour les bénéficiaires d'une bourse sur critères sociaux. Aujourd'hui, c'est le revenu global brut des parents qui est pris en compte dans l'attribution des bourses. C'est une particularité des bourses étudiantes, aucune autre aide sociale ne s'y réfère, et notamment pas l'Education nationale qui utilise le revenu fiscal de référence pour ses propres bourses. Si celles des étudiants s'y référaient aussi, cela permettrait de faire coïncider les bourses de l'Education nationale et celles de l'Enseignement supérieur, pour pouvoir prolonger l'aide financière de ceux qui arrivent à l'université sans qu'ils aient à en faire la demande.

« Un grand système d'information étudiant »

Le futur modèle devra aussi être relié aux applications des impôts, pour récupérer automatiquement les informations liées aux revenus. Certains voudraient aller au-delà et mettre en place un grand système d'information étudiant, qui engloberait toutes les aides. Quitte à fusionner les aides au logement et les bourses ? Rien n'est tranché pour l'instant. « A terme, si la logique est celle de la solidarité à la source, la question se posera », glisse toutefois un bon connaisseur du dossier.

Le sujet du revenu universel est, lui, tranché - Sylvie Retailleau veut un modèle redistributif, pour « aider plus ceux qui en ont le plus besoin », et non pas un revenu universel qui serait aussi versé aux enfants de cadres supérieurs. Si on imaginait un revenu universel de 1.000 euros par étudiant, on aboutirait à une addition de 24 milliards d'euros, or le budget du ministère est de 23 milliards, rappelle la ministre de l'Enseignement supérieur.

Dans une tribune publiée par « Le Monde » , quatorze présidents d'université avaient appelé, il y a dix jours, à la mise en place d'une allocation d'études pour tous les étudiants, estimant que l'autonomie financière les libérerait d'un « fardeau ».

A ceux qui mettent en regard l'augmentation des 37 euros mensuels pour tous les boursiers et l'évolution du prix du paquet de pâtes, Sylvie Retailleau explique que « ça fait dix ans qu'il n'y a pas eu cette augmentation » ; que le prix des repas des CROUS a été gelé à 3,30 euros pour tous les étudiants, et que le gouvernement a maintenu la mise en place du repas à 1 euro pour les boursiers et pour tous ceux qui ne le sont pas mais qui en ont besoin.

Marie-Christine Corbier

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