Qu’est-ce qui vous fait vous lever le matin ?

Les défis. Chaque jour est en un, aussi bien dans le travail que dans ma vie personnelle. Pour l’entreprise, Doudou et compagnie, le challenge est de produire en France la « Phryge », la mascotte officielle des Jeux olympiques 2024 à Paris. C’est un défi à la hauteur de ce grand événement. Sur le plan personnel, mon défi est de lutter contre la douleur liée à l’endométriose profonde, une maladie dont je souffre depuis l’âge de 20 ans. J’essaie de vivre normalement. Le matin, je me force à positiver, en me disant « Allez ! ça va être une bonne journée. » Comme les athlètes paralympiques qui se surpassent pour gagner des médailles malgré leur handicap, je me dis que cette maladie ne m’empêchera pas d’accomplir mes rêves.

Au travail, ça se passe comment ?

Super bien ! Nous sommes une équipe soudée. Même s’il y a des jours où l’on est plus au moins motivé, plus ou moins de bonne humeur, il y a toujours quelqu’un pour nous retourner un sourire. Cette force d’équipe, c’est très important pour moi.

Comme je suis chargé de la piqûre, je commence le processus de fabrication : assembler les différentes pièces de la mascotte, et les coudre ensemble. Mes collègues prennent le relais : la retourner, mettre le squelette, la garnir de ouate, la refermer, puis la contrôler, et la conditionner. Chaque étape est importante dans la fabrication. Pour avoir une peluche bien finie et jolie, il faut que chaque salarié donne sa petite touche. La création est collective : c’est cela que j’aime. Nous formons une véritable équipe.

En qui avez-vous confiance ?

J’ai confiance dans des valeurs : la famille, le travail, l’amitié et le respect, des autres et de soi. Ce sont des valeurs qui nous permettent de nous dépasser et de vivre ensemble, car nous ne sommes pas tous pareils. Elles doivent être défendues pour que tout le monde vive en harmonie.

Une scène vous a-t-elle marquée récemment ? Racontez-nous.

C’était en juillet dernier, ici, lors d’une soirée organisée par Doudou et compagnie avant les vacances. Tous les commerciaux sont venus voir la fabrication de la mascotte et des autres produits qu’ils vendent. Nous avons pu leur expliquer notre travail. Lors de cette soirée, l’entreprise a fait venir deux championnes paralympiques : Faustine Noël, médaillée double mixte en badminton, et Michèle Sévin, quadruple médaillée olympique de ping-pong. Nous leur avons posé des questions, et joué ensemble au ping-pong et au badminton, dans la salle de sport juste à côté ! Il y a eu un bel échange. J’ai admiré leur courage, leur ténacité. Et puis leur tolérance, car mine de rien, les Jeux paralympiques, on n’en parle pas beaucoup. Elles prennent les choses sous un angle très positif. J’ai adoré l’espoir qu’elles ont suscité. Ce sont de vraies championnes.

Qu’est-ce qui vous changerait la vie, là, tout de suite ?

Un nouveau corps, plus jeune, plus dynamique… Réduire ma souffrance liée à l’endométriose. Et puis mon travail est physiquement difficile. On est un peu comme les athlètes, il faut qu’on tienne la cadence jusqu’au JO ! (Rires.) Le matin, en arrivant au travail, nous nous mettons tous en rond, et nous faisons un petit réveil musculaire : de petits exercices pour se mettre en condition. Nous en avons pris l’habitude depuis que nous avons commencé la fabrication de la mascotte. Physiquement, c’est plus dur : il y a plus de répétitions de gestes que d’habitude. Cette petite gym n’a pas changé mon corps, mais elle me met dans de meilleures conditions.

Et pour demain, une idée pour changer le monde ?

La bienveillance, c’est essentiel pour changer le monde. La société manque d’altruisme. Pour que chacun se sente à sa place, il faut faire attention aux autres et être bienveillant. Particulièrement nous, les Français, qui avons cette propension à râler de tout. Nous passons à côté des choses qui pourraient nous rendre heureux. Il faut donc de la douceur, du sourire, de la compréhension pour que la vie soit belle…

Participer aux JO, c’était un rêve d’enfant ?

Quand j’étais enfant, j’étais à mille lieues de me soucier du sport, mais aujourd’hui, il fait partie de ma vie. Je trouve que les JO relaient de très belles valeurs : le respect, l’excellence, l’amitié. Ce sont des valeurs qui nous portent, mes collègues et moi. Les Jeux fédèrent les gens. Cela leur donne l’envie de se dépasser, comme les athlètes qui font tout pour aller au bout d’eux-mêmes. Avec Doudou et compagnie, nous sommes une ­petite goutte dans l’organisation des Jeux olypiques. Tony Estanguet, le président du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 est venu nous voir. Je lui ai cousu sa mascotte, avec son numéro ! Il a regardé chaque étape de la fabrication, et nous nous sommes parlé. On a eu l’impression de faire partie de la machine des Jeux.