Gautier Mazet - Xavier Remongin - agriculture.gouv.fr

02 octobre 2023 Info +

Gautier Mazet, éleveur laitier : « Je n’imaginais pas une installation en dehors d’un collectif »

Installé en 2021, Gautier Mazet est le plus jeune associé de la ferme du Val Fleury, qui produit du lait bio à Saint-Denis-sur-Coise, dans les monts du Lyonnais. Il nous a raconté les grandes étapes qui l’ont mené d’une formation de génie biologique au métier d’éleveur laitier.

Une formation scientifique, puis une remise en question

Gautier Mazet : « C’est par mon grand-père paysan que j’ai découvert le monde agricole : quand on était enfants, avec mon frère Adrien, on passait beaucoup de vacances à la ferme. Ensuite, j’ai passé un bac scientifique, puis un DUT* génie biologique. Je ne me voyais pas ingénieur, j’avais envie de terrain. Pendant mon stage de licence pro, consacré au suivi des poissons migrateurs, j’ai tout remis en question. À ce moment-là, Adrien venait de s’installer à la ferme du Val Fleury, il cherchait quelqu’un. Au début ce n’était qu’une blague entre nous, puis un jour je me suis dit : pourquoi pas ? C’était parti : j’ai repris un BTS ACSE** avec orientation agriculture biologique. J’ai dû tout apprendre à partir de zéro.»

Avancer étape par étape

« On ne peut pas s’installer du jour au lendemain, il faut franchir des étapes. Après le BTSA, j’étais d’abord en apprentissage à la ferme. Puis j’ai voulu découvrir autre chose, élargir mes connaissances : j’ai fait du wwoofing (voir encadré ci-dessous) sur des thématiques qui m’intéressaient : dans une ferme en alpages, chez un paysan-boulanger, dans une ferme collective… j’ai ensuite fait deux salariats de six mois en ferme laitière. Ce n’est qu’après tout ça, en 2021, que je me suis installé. Je n'imaginais pas une installation en dehors d'un collectif, qui a selon moi de nombreux avantages : pour les échanges, le soutien des uns aux autres, mais aussi pour la souplesse en temps de travail et en astreintes. »

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Le suivi de la chambre d’agriculture

« Dans mon cas, l’installation était assez simple : avec Adrien et Matthieu, la ferme tournait déjà bien, et j’étais déjà salarié de la structure, donc j’avais mes marques. Pour l’installation j’ai été suivi par la chambre d’agriculture de la Loire, avec quelques formations dans le cadre du plan de professionnalisation personnalisé (PPP). On a également suivi une formation avec l'Association Départementale pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural (ADDEAR) de la Loire : une formation avec très peu de technique, davantage tournée sur la vision, l’organisation de la ferme, le fonctionnement du collectif et les choses à mettre en place. »

S’habituer au regard des autres

« Quand on s’installe, on va forcément être jugé sur nos pratiques. Il y a d’abord le cédant, qui a sa vision de la bonne tenue de la ferme, et qui peut être à la fois heureux de voir les évolutions et en désaccord sur certains choix qu’on fait. Il faut aussi faire avec le regard des agriculteurs voisins, en particulier quand on n’est pas issu du monde agricole et qu'on a un projet atypique. Dans notre cas, je pense que le voisinage a été rassuré en voyant que notre ferme tourne, que le projet fonctionne. »

Le Wwoofing

Le terme « wwoofing » est un néologisme, formé à partir d’initiales d’une association née dans les années 1970 au Royaume-Uni et baptisée WWOOF : World-Wide Opportunities on Organic Farms. Le principe est simple : en échange de services rendus, le « wwoofer » est nourri et logé gratuitement au sein d’une exploitation. Largement répandu dans le monde agricole partout dans le monde, le wwoofing permet à des jeunes de se frotter au travail agricole à la ferme, tout en échangeant avec les exploitants.

* Diplôme universitaire de technologie
** Analyse, conduite et stratégie de l'entreprise agricole