Fausses plantes vertes, joli dessus-de-lit, guirlande lumineuse… Dans son studio de 14 mètres carrés, Cyrielle, 19 ans, a réussi à créer un agréable cocon. Étudiante en BTS, elle vit depuis deux ans au sixième étage de la résidence étudiante La Brunellière, gérée par le bailleur social La Nantaise d’habitations, en plein centre-ville de Nantes (1). Ce bâtiment de 188 logements fraîchement rénovés, doté d’un système de gardiennage, de salles collectives et même d’un dispositif d’accompagnement psychologique, est accessible sous conditions de ressources. « L’objectif, c’est de proposer un niveau de service similaire à celui des résidences étudiantes privées mais avec les prix du logement social », explique Thomas Caudron, directeur général de La Nantaise d’habitations, à l’origine du lancement de Loire Campus, qui propose 330 logements dans deux résidences étudiantes à prix accessibles.

À La Brunellière, ancienne résidence privée, le montant du loyer s’élève à 396 € mensuels pour un petit studio, charges comprises. Une fois l’aide personnalisée au logement (APL) déduite, les étudiants déboursent en moyenne 200 € par mois. Pour attribuer ces logements, une commission d’affectation étudie à la fois les revenus des parents, le nombre d’enfants à charge et l’éloignement du domicile familial. Cyrielle, originaire des Sables-d’Olonne en Vendée, dont le père est chauffeur routier et la mère auxiliaire de puériculture, cochait tous les critères.

« Des prix exorbitants »

« Ma grande sœur a aussi fait ses études à Nantes, et sa recherche de logement avait été extrêmement stressante, raconte l’étudiante en management commercial. Elle avait fait énormément de visites d’appartements en très mauvais état et à des prix exorbitants. » Jusqu’à ce qu’un ami de la famille fasse suivre une annonce de La Nantaise d’habitations et qu’elle obtienne une place juste avant sa rentrée. « J’ai déposé un dossier et obtenu ce logement idéal pour moi, poursuit-elle. Je ne sais pas comment j’aurais fait autrement. D’ailleurs, dans ma promo, des étudiants sont obligés de faire la route depuis chez leurs parents en attendant de trouver un logement. » Ces résidences étudiantes viennent ainsi offrir une solution aux étudiants les moins fortunés, qui n’ont pas obtenu de places en cités universitaires, débordées par les demandes, ou qui ne peuvent pas y prétendre en raison d’un cursus non rattaché à une université (écoles supérieures privées, BTS, alternance…).

« De plus en plus de bailleurs sociaux développent du logement étudiant et selon les besoins locaux, certains en font une stratégie de développement à part entière », constate Delphine Baudet-Collinet, qui travaille à la direction des politiques urbaines et sociales de l’Union sociale pour l’habitat (USH). « Mais ils sont confrontés, comme pour le logement social en général, à la difficulté d’accès au foncier et à l’augmentation du coût des opérations immobilières. » Aujourd’hui, on comptabilise 70 000 logements de ce type en France, soit gérés directement par les bailleurs sociaux, soit délégués au Crous ou à des associations (formule la plus fréquente).

« S’enfoncer dans le système D »

« Tous les ans, la crise du logement étudiant s’aggrave et on voit des jeunes renoncer à des études supérieures ou s’enfoncer dans le système D en logeant chez des copains, dans leur voiture ou au camping », constate Thomas Caudron, qui souligne que la ville de Nantes a accueilli 14 000 étudiants supplémentaires ces dix dernières années (pour un total de 65 000), sans que l’offre de logement accessible ne suive le rythme (5 000 lits en résidences et cités universitaires).

« La demande va continuer à exploser, d’autant que les chambres de bonne du centre-ville risquent de ne plus être disponibles à cause de l’interdiction de location des passoires thermiques», prévient le responsable, qui prépare l’ouverture d’une nouvelle résidence étudiante pour la rentrée 2024. Selon LocService, spécialiste du logement entre particuliers, le loyer moyen d’un studio dans le parc privé nantais s’élève à 491 €, soit 5 % de plus qu’en 2022. Cyrielle, qui va poursuivre en licence professionnelle, ne devrait pas quitter son cocon de sitôt. Son petit frère, qui passe le bac cette année, sera peut-être le prochain sur la liste.

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Le logement social en crise

Fin 2022, 2,42 millions de ménages étaient en attente d’un logement social – dont 1,63 million pour une première attribution.

À l’inverse, de moins en moins de nouveaux logements sont autorisés chaque année. En 2023, le nombre d’autorisations dans l’Hexagone devrait être inférieur aux 95 000 de 2022.

Selon une étude commandée par l’Union sociale pour l’habitat, il faudrait créer 198 000 nouveaux logements sociaux par an, pour répondre aux grandes tendances démographiques et résorber le mal-logement.

(1) La Nantaise d’habitations est une filiale du groupe Action Logement.