L’empathie s’est d’abord développée dans les relations mère-enfant pour assurer la survie de l’espèce, et elle s’est ensuite considérablement diversifiée et enrichie chez l’homme avec l’apparition du langage et des multiples normes sociales. Mais elle reste enracinée dans la communication affective et le rôle joué dans la construction psychique et sociale par les diverses formes d’interactions.
Il est admis aujourd’hui qu’elle associe quatre composantes. L’empathie émotionnelle, qui se développe dès les premiers mois de la vie, permet de comprendre les émotions de ses interlocuteurs à partir des signaux affectifs qu’ils expriment, ainsi que ses propres états affectifs. Le souci de l’autre, qui commence à se manifester dès 2 ans, incite à se préoccuper de la détresse et des besoins d’autrui. L’empathie cognitive, qui se développe à partir de 3-4 ans, permet de comprendre que l’autre a une vie mentale différente de la mienne et de prendre en compte ses dimensions individuelles et culturelles. Enfin, le bon usage de ces compétences nécessite d’être capable de réguler ses émotions et de les orienter selon des objectifs précis. Chacune de ces composantes suit son développement propre, mais chacune est en interaction permanente avec les autres de telle façon qu’elles s’influencent mutuellement, exactement comme les déterminants biologiques et environnementaux contribuent ensemble au développement de l’enfant.
De tous ces facteurs, le plus important semble être le contrôle des émotions. On désigne sous cette expression les processus qui permettent à une personne de gérer la durée et l’intensité des émotions qu’elle éprouve de façon qu’elle coure moins le risque d’être débordée par l’excitation. Cela lui permet notamment de résoudre les conflits par des méthodes verbales non hostiles plutôt que par des méthodes agressives, et d’orienter ses émotions vers un objectif. Cette compétence favorise l’adoption intentionnelle, et plus seulement intellectuelle, du point de vue d’autrui, ce qui facilite des comportements d’aide à son égard. Il a d’ailleurs été montré que le contrôle des émotions est corrélé positivement avec le souci de l’autre et la capacité de manifestations empathiques.
Dynamique de groupe
La conscience croissante de la violence et du harcèlement entre élèves mobilise aujourd’hui le gouvernement, et c’est tant mieux. L’empathie est perçue à juste titre comme un antidote. Faut-il pour autant l’« enseigner » ? Le mot est ambigu et il a été montré que des « cours d’empathie » n’ont presque aucun impact sur l’empathie émotionnelle, des effets très faibles sur l’empathie cognitive, et que tous durent très peu de temps.
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