Les ménages pauvres résident en majorité dans l'urbain, sauf les retraités

La plupart des ménages pauvres, qui représentent 14,4% de la population, réside dans des communes urbaines, notamment les plus jeunes et les locataires du parc social qui sont installés en majorité dans les grandes villes. Les ménages pauvres retraités, qui représentent 27% des ménages pauvres, et les ménages non insérés dans l'emploi et propriétaires de leur logement sont quant à eux installés dans le rural. C'est ce qu'indique une étude de l'Insee publiée le 3 octobre. 

Où résident les ménages pauvres en France ? C'est à cette question que l'Insee s'est intéressée dans une étude publiée le 3 octobre 2023. Au total en 2020, l'Insee comptabilise un peu plus de 9 millions de personnes vivant dans un ménage en situation de pauvreté monétaire, c'est-à-dire ayant un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, soit 14,4% de la population. L'organisme identifie les lieux de résidence de ces ménages sur le territoire national, en fonction de leur profil. Six profils sont ainsi identifiés selon leur situation (emploi ou non, âge, statut d'occupation de leur logement) : les ménages pauvres retraités (27,3% des ménages pauvres), ceux qui sont insérés dans l'emploi (18,3%) et, parmi ceux qui ne sont pas insérés dans l'emploi, les ménages de moins de 30 ans (10,5%), les propriétaires (9,8%), les locataires du privé (16,9%) et les locataires du social (17,2%).

Et le constat est assez clair : si la majorité d'entre eux réside dans l'urbain, il y a quelques différences selon chaque profil. Les jeunes et les locataires du parc social se situent ainsi davantage dans les grandes villes, les retraités et les ménages pauvres non insérés dans l'emploi et propriétaires de leur logement dans les zones rurales.

La géographie des logements sociaux

Ainsi, 87% des ménages pauvres non insérés sur le marché du travail ayant moins de 30 ans et 91% des ménages non insérés dans l'emploi et locataires du parc social vivent dans une commune urbaine. "Plus précisément, environ trois ménages sur cinq appartenant à ces deux profils vivent dans une commune urbaine dense", détaille l'étude. Le phénomène vient du fait que les personnes pauvres de moins de 30 ans vivent la plupart du temps seules et occupent des petits logements situés dans des grandes villes étudiantes, comme Toulouse, Poitiers, Rennes ou Nancy, qui concentrent les équipements, services et lieux de formation qu'elles recherchent.

Les ménages pauvres locataires du parc social sont aussi davantage présents dans l'urbain dense, là où se situent les logements sociaux (le long de la façade de la Manche et dans le Nord et l'Est). Les locataires du parc privé sont quant à eux plus nombreux dans le Sud autour de l'arc méditerranéen. "Cette géographie coïncide assez naturellement avec celle des logements sociaux, indique le document, par exemple 24% des logements de la Marne sont des logements sociaux contre tout juste 10% dans l'Hérault".

Les retraités pauvres davantage présents dans le rural

Les ménages pauvres insérés sur le marché du travail sont aussi surreprésentés dans les communes urbaines (72%) mais davantage le long d'un axe allant de Nantes à Reims et au nord de celui-ci ainsi qu'à l'est de Lyon.

Les ménages pauvres non insérés dans l'emploi et propriétaires de leur logement se situent plutôt dans le rural : 43% contre 27% pour l'ensemble des ménages pauvres. Leur proportion est de 23% dans le rural non périurbain (jusqu'à 40% dans les régions les plus rurales de Nouvelle-Aquitaine, Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté et Corse) et de 20% dans le rural périurbain. Ils sont surreprésentés dans le centre de la Bretagne, dans le Sud, autour de Rodez et dans le Massif central.

Les retraités pauvres sont aussi davantage présents dans les communes rurales, à 36%, avec 20% d'entre eux vivant dans une commune rurale non périurbaine. Ils sont surreprésentés à l'ouest et au sud du Massif central et en Corse du fait de la forte présence de personnes de 65 ans ou plus dans ces territoires.

"Les différences de niveaux de vie entre urbain et rural s'accompagnent de différences dans les structures des dépenses, entraînant des conditions de vie différentes", signale l'Insee. Ainsi, dans le rural, le coût du logement est moins important et les possibilités d'autoconsommation sont plus étendues mais ces territoires peuvent occasionner des coûts de transports plus élevés.