Inexorablement, les chiffres se dégradent. Pour la première fois depuis 2011 et la première enquête sur le climat scolaire dans les écoles primaires menée par l’Autonome de solidarité laïque (ASL), association qui œuvre pour la protection et les conseils juridiques des personnels de l’éducation nationale, la majorité des personnels du premier degré (52 %) se disent insatisfaits de leur métier. Un « point de bascule a été atteint » et il est « au moins aussi préoccupant que le manque de “vocations” », soulignent Eric Debarbieux et Benjamin Moignard, professeurs en sciences de l’éducation et auteurs du rapport diffusé vendredi 13 octobre. Les insatisfaits étaient moins de 40 % en 2016.
Les données recueillies au terme de cette étude menée auprès de 8 206 personnes, enseignants pour près des trois quarts, « sont cruelles pour les politiques publiques » et « véritablement préoccupantes pour notre système d’enseignement », estiment les chercheurs.
Elles montrent en premier lieu une détérioration de la perception du climat scolaire, qui, si elle reste majoritairement positive, ne l’est plus que pour 58,5 % des personnes interrogées, contre plus de 73 % en 2011. Cependant, « ce ne sont pas les relations des enseignants avec les élèves qui sont mises en cause », relève le rapport. La dégradation s’observe plutôt dans la relation aux parents d’élèves, 27,5 % des personnels ne s’estimant pas respectés, contre 15 % en 2011.
« Sentiment de déclassement social »
Pour contrer certaines idées reçues, les auteurs de l’enquête précisent que « ce ne sont pas les parents des écoles situées dans un dispositif de l’éducation prioritaire qui sont jugés les moins respectueux ». La violence contre les personnels n’a, elle, pas augmenté et plus de 90 % d’entre eux affirment se sentir en sécurité dans leur école. Près de 40 % rapportent cependant des insultes au cours de l’année scolaire, en premier lieu de la part de parents, et presque 18 % disent avoir été harcelés.
C’est surtout « un immense sentiment de déclassement social et de mépris hiérarchique et politique » que met en lumière cette édition 2023. Une « forte rancœur contre la haute hiérarchie et les ministres chargés de l’éducation nationale ces dernières années » s’exprime au travers des résultats, dans lesquels 74 % des personnels disent ne pas se sentir respectés. Ce chiffre approche les 78 % chez les enseignants. L’enquête voit les revendications salariales prendre une place plus importante qu’auparavant, et confirme les griefs à l’encontre de la conduite des réformes et des injonctions ministérielles.
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