Publicité

Après l'attentat, l'exécutif face à la délicate sécurisation des établissements scolaires

« Nous serons au rendez-vous pour assurer votre sécurité », a promis samedi Elisabeth Borne. L'école « n'est pas assez protégée », réagissent des syndicats enseignants. Le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, va réunir les associations d'élus.

Elisabeth Borne et Gabriel Attal, samedi, à la Sorbonne, à l'occasion de la remise du prix Samuel Paty.
Elisabeth Borne et Gabriel Attal, samedi, à la Sorbonne, à l'occasion de la remise du prix Samuel Paty. (Geoffroy VAN DER HASSELT/AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 15 oct. 2023 à 15:00Mis à jour le 16 oct. 2023 à 16:03

Protéger sans enfermer. Pour l'exécutif, la difficulté sera de trouver le bon équilibre, après l'attentat qui a coûté la vie au professeur Dominique Bernard , devant son lycée d'Arras (Pas-de-Calais).

« Nous serons au rendez-vous pour assurer votre sécurité, a assuré la Première ministre, samedi, depuis la Sorbonne, où elle participait à la remise du prix Samuel Paty. On n'enseigne pas dans l'angoisse, on n'apprend pas la peur au ventre. Toutes les forces de sécurité intérieures sont mobilisées. »

« Des mesures concrètes »

Les militaires de l'opération Sentinelle vont passer de 3.000 à 7.000. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a demandé de « relever très fortement le niveau de vigilance sur l'ensemble des établissements ». Gabriel Attal a enjoint aux recteurs de « prendre toutes les mesures pour y renforcer la sécurité ». Plus de 1.000 personnels des équipes mobiles de sécurité y seront déployés.

Publicité

Mais la question est dans toutes les têtes : la sécurisation des établissements est-elle suffisante ? « Au-delà des mots et des déclarations de soutien », il faut « des mesures concrètes pour continuer à enseigner avec sérénité, détermination et passion », a lancé samedi Joëlle Alazard, présidente de l'Association des professeurs d'histoire-géographie, à l'initiative du prix Samuel Paty, en exprimant sa « colère » : « Allons-nous continuer à égrener les minutes de silence, à empiler les deuils qui n'auraient jamais dû être ? »

« L'école n'est pas suffisamment protégée », déplore Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, principal syndicat d'enseignants du second degré. « Il faut assurer la protection indispensable aux agents publics », abonde le Sgen-CFDT.

« Pas de prisons avec des miradors et des barbelés »

Gabriel Attal entend « aller plus loin » dans la sécurisation. Il va réunir les associations d'élus en ce sens. « Il va falloir faire encore plus, l'école n'est plus un sanctuaire depuis longtemps », déclarait le vice-président de la région Hauts-de-France, Christophe Coulon, vendredi, sur Franceinfo. Mais « les lycées ne peuvent pas être des prisons avec des miradors et des barbelés », confie François Bonneau, vice-président de Régions de France. « Ce serait contraire au projet éducatif des établissements. »

Bruno Bobkiewicz, à la tête du principal syndicat de chefs d'établissement, le SNPDEN, suggère de « regarder établissement par établissement ce qu'il est nécessaire de faire pour garantir effectivement la sécurisation ». « Il ne faut pas tomber dans une logique extrême qui conduirait à des portiques, voire à fouiller les élèves », prévient-il. De toute façon, « on n'arrivera jamais à transformer un établissement en bunker étanche et ce n'est pas ce qu'il faut obtenir, relève Jérôme Fournier, du SE-Unsa. On ne va pas suivre tous les professeurs d'histoire-géographie, ni mettre tous les professeurs sous surveillance. »

Plusieurs syndicats réclament davantage d'adultes, pour repérer ce qui se passe aux abords des établissements, notamment des conseillers principaux d'éducation et des agents. La fédération de parents PEEP veut plus d'assistants d'éducation. Le contrôle humain est « important et premier », insiste François Bonneau.

La sécurisation, c'est aussi la liaison entre l'Intérieur et l'Education nationale face aux « dangers potentiels », appuie Sophie Vénétitay. « L'Education nationale avait alerté sur ce qui se passait autour du collège du Bois d'Aulne [avant l'assassinat de Samuel Paty], les faits avaient été transmis à la police, et que s'est-il passé ? interroge-t-elle. Il faudra poser les questions du rôle de la police et de la justice dans la prévention et la protection des établissements. »

Marie-Christine Corbier

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres
Publicité