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Le mythe de la déconnexion entre les universités et le monde du travail

Plutôt que de placer l’université au rang des causes perdues, mieux vaudrait clairement séparer la question de la professionnalisation dans l’enseignement supérieur et celle de l’échec des étudiants en licence.

Publié le 17 octobre 2023 à 04h30 Temps de Lecture 3 min.

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Accuser l’université d’être déconnectée du monde professionnel est un procès facile, que le chef de l’Etat a rouvert le 4 septembre. Face au vidéaste HugoDécrypte, très suivi par les 18-24 ans sur YouTube, Emmanuel Macron a caricaturé l’enseignement supérieur public, où sont inscrits près de 2 millions d’étudiants. Il a dénoncé « des formations qui ne diplôment quasiment pas depuis des années » et sermonné les présidents d’université pour qu’ils trouvent « le courage de ne pas maintenir des formations simplement pour préserver des postes d’enseignants ».

L’attaque a été très mal reçue. « Nous n’avions plus entendu que les universités étaient “des usines à chômeurs” depuis Alice Saunier-Seïté », commente Alain Fuchs, président de l’université Paris Sciences et Lettres, en référence à l’ancienne ministre au verbe acide, dont le projet de réforme du deuxième cycle universitaire visant notamment à professionnaliser les formations, déclencha, en 1976, une longue grève. « On en est à se demander si la France aime ses universités… Et la réponse est peut-être non », conclut-il.

Depuis la loi de 2007 relative aux libertés et responsabilités des universités, le code de l’éducation leur assigne un rôle supplémentaire : accompagner et participer à l’insertion professionnelle des étudiants. Une révolution législative qui a occasionné l’apparition au sein des cursus académiques de contenus à finalité professionnalisante et la création de nouvelles formations de licences et de masters professionnels.

Une mission incommensurable

Quinze ans plus tard, l’apprentissage vient de faire une entrée remarquée à la fac, avec, entre 2020 et 2021, 24 % d’inscrits supplémentaires en licence par alternance et 40 % en master, soit un total de 135 000 étudiants, selon Guillaume Gellé, le président de France Universités, représentant 28 % des apprentis de l’enseignement supérieur. Autour de 94 % des diplômés par la voie de l’alternance occupent un emploi trente mois après l’obtention du diplôme, soit 6 à 7 points de plus que les diplômés sous statut étudiant.

Depuis 2013, chaque diplôme universitaire est scruté par une instance nommée « conseil de perfectionnement », où siègent, une fois par an, les branches professionnelles pour proposer des évolutions favorables à l’insertion des diplômés et rendre lisibles les compétences transversales qui leur seront indispensables.

Pourquoi, donc, chercher à caricaturer l’université française ? Parce que sa mission est incommensurable : elle est le réceptacle de la massification scolaire en même temps que l’outil de la démocratisation de l’enseignement supérieur. A elle de donner leur chance aux enfants d’employés, d’agriculteurs, d’ouvriers. A elle de rattraper les erreurs d’aiguillage postbac qui donnent des sueurs froides à chaque rentrée. Dans les amphithéâtres bondés de première année de licence, où 325 000 néobacheliers étaient inscrits en 2020, les enseignants savent que seule une petite minorité connaîtra la réussite.

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