Comment les viticulteurs de Bourgogne tentent d'anticiper le réchauffement climatique

Jusqu'ici, tout va bien. Les vins de Bourgogne n'ont jamais été aussi bons que depuis que les étés caniculaires se succèdent. Le millésime 2023 s'annonce excellent en quantité comme en qualité, et pourrait dépasser celui de 2022 avec une production de 1,75 million d'hectolitres. « Une étude a montré que le pinot noir, de tous les cépages, est celui qui résiste le mieux à la sécheresse », a récemment souligné François Delaunay, coprésident du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). Mais après une mauvaise récolte, comme celle de 2021 - amputée de moitié à cause du gel -, il faut plusieurs années pour reconstituer les stocks.

Le réchauffement climatique , s'il n'entame pas la qualité des vins, menace les volumes avec des épisodes de gel tardif, d'orages ou de grêle, contre lesquels les moyens sont limités. « En dix ans, on a perdu l'équivalent de trois récoltes », estime François Labet, l'autre coprésident du BIVB. Mais c'est un fait, « les vignobles septentrionaux sont les grands gagnants du changement climatique », confirme Benjamin Bois, spécialiste d'agroclimatologie viticole à l'université de Bourgogne. « Les vignes ont des racines qui plongent profond pour s'alimenter en eau, et de nouveaux porte-greffes [la partie racinaire du cep, qui isole le plant du sol et le protège du phylloxéra, NDLR] permettront aux viticulteurs de Bourgogne de s'adapter là où elles sont plus sensibles. Mais je pense qu'il est urgent de s'ouvrir à des vignes plus larges. Il faut penser pour 2070-2080. »