Un bruit de moteur, des portes coulissantes, des passagers qui montent… La scène semble anodine ; Marc (1) y prête pourtant toute son attention. Elle fait l’objet d’une bande sonore où, pendant vingt-cinq minutes, il doit se glisser dans la peau d’un conducteur d’autobus et répondre sur un questionnaire à des situations auxquelles ce dernier est confronté : renseigner une destination, rendre la monnaie, signaler un incident sur la voie… « C’est un peu comme si on était déjà au volant », témoigne le quadragénaire – sauf que personne n’a le permis D, nécessaire à la conduite d’un véhicule de transport de plus de huit personnes.

Cet exercice fait partie de la méthode de recrutement par simulation (MRS), organisée par l’agence Pôle emploi de Chessy (Seine-et-Marne). Elle vise à évaluer une quarantaine de candidats et identifier de potentiels salariés pour la société Transdev, qui souhaite recruter seize chauffeurs d’autobus pour deux de ses dépôts du département. Le concept MRS, proposé par Pôle emploi depuis 2007 pour les recrutements de certains secteurs d’activité, est simple : embaucher sans tenir compte du CV ou des expériences, mais en se basant sur les aptitudes de base nécessaires. Ici : la ponctualité, le travail sous tension, la gestion d’imprévus, la relation client.

Le dépôt de candidatures est proposé à tous les demandeurs d’emploi inscrits, prêts à la reconversion. Ils assisteront, durant un mois, à diverses présentations et ateliers avant de passer des tests d’habilité. « Dans les transports publics, une filière en tension où les besoins de chauffeurs continuent de croître et où les candidats spontanés sont rares, les sociétés doivent se résoudre à élargir leur panel de candidats », avance ­Christelle ­Andrieu, directrice de l’agence de Chessy. « La MRS permet précisément d’identifier des profils différents et d’offrir des possibilités d’emploi à des personnes non qualifiées. » Au Pôle emploi de ­Chessy, une MRS est organisée environ tous les trois mois dans le secteur des transports publics. « À chaque fois, nous y rassemblons cinq fois plus de candidats qu’à une simple annonce de poste », estime ­Olivier ­Querat, conseiller.

À la fin du processus, Pôle emploi retient les profils les plus intéressés et compatibles aux attentes de ­Transdev. « Peu de jeunes chômeurs arrivent en disant à leur conseiller : “Je veux devenir chauffeur de bus.” La méthode par simulation permet justement de découvrir le métier, l’entreprise, ce qui consolide les candidatures », poursuit le conseiller. « Pour le recruteur, le processus sécurise des candidats fiables, qui savent dans quoi ils s’engagent », complète la directrice générale.

La vingtaine de candidats retenus cet automne passera in fine un entretien d’embauche avec ­Transdev. De 80 à 90 % d’entre eux seront embauchés, estime l’agence. En plus d’un contrat à durée indéterminée (CDI), ils bénéficieront d’une formation au permis D entièrement prise en charge par l’employeur.

(1) Le prénom a été changé.