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Grandes Ecoles

Ecoles de commerce : ces étudiants racontent comment ils financent leurs études

Alors que les frais de scolarité en école de commerce enflent encore cette année, Challenges a recueilli le témoignage d’étudiants sur la manière dont ils financent leur scolarité. Prêts, bourses, alternance, jobs… Les solutions pour joindre les deux bouts sont nombreuses mais parfois chronophages.

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La bibliothèque de Grenoble Ecole de management. 

P. Jayet pour Grenoble Ecole de Management

Ils demeurent le frein numéro un pour rejoindre une école de commerce. 45% des 18-25 ans interrogés par OpinionWay pour Kedge BS considèrent que la possession de "moyens nécessaires pour payer les frais de scolarité" a été le principal obstacle à une poursuite d'études au sein de ces établissements. Et les coûts d’inscription affichés en cette rentrée ne sont pas de nature à réduire ces difficultés, bien souvent renforcées par l’inflation des loyers étudiants. Comptez désormais plus de 62.000 euros en trois ans pour HEC, près de 60.000 pour l’ESCP, ou encore 52.000 euros pour Skema. De l’emprunt aux bourses en passant par l’alternance, les jobs étudiants ou encore l’entrepreneuriat, les stratégies de financement sont moins linéaires qu’on peut le croire. Des étudiants nous ont raconté comment ils se débrouillent pour joindre les deux bouts sans solliciter leurs familles.

"Admis à l’emlyon, je pensais être un ‘bon client’ pour les banques, mais ça n’a pas été si facile de décrocher un prêt"

Admis l’an dernier à l’emlyon après une prépa littéraire, Solal Sellier, en est convaincu: il n’aura aucun problème à trouver une banque qui financera ses études dans cette prestigieuse école de commerce française, classée cinquième de notre palmarès post-prépa. "En intégrant ce type de cursus, il n’y a pas trop de suspense sur mes chances de rembourser un prêt à la sortie. Je pensais être plutôt un ‘bon client’ et l’école affichait plusieurs banques partenaires. Ça n’a pas été si facile", se souvient le jeune toulousain.

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Rapidement, il se confronte à un mur de refus, y compris de la part de partenaires de la business school. "Seul mon oncle qui vivait à l’étranger pouvait se porter garant. Ça a posé pas mal de problèmes." Il parvient in extremis à débloquer un emprunt sur dix ans de 70.000 euros quelques semaines seulement avant le premier versement demandé par l’école. "Je ne sais pas comment j’aurais fait autrement. Je ne suis pas boursier et mes parents ne peuvent pas m’aider."

"Il était hors de question que je débute ma vie d’adulte endettée"

Pour Yasmine Debbache, 23 ans, c’était l’apprentissage ou rien. "Je n’aurais jamais pu intégrer une école sans ça. Il était hors de question que je débute ma vie d’adulte en étant endettée", confirme la jeune femme, apprentie en région parisienne chez Webhelp, spécialiste de l'externalisation client. Elle est aujourd’hui en dernière année de programme grande école à Kedge Business School, après avoir suivi sa troisième année de licence à Skema BS, elle aussi en apprentissage. Une formule qui lui a permis de voir ses droits de scolarité totalement pris en charge tout en se professionnalisant et en touchant une rémunération plus importante qu’en stage.

Comme elle, 46% des étudiants d’école de commerce sondés dans le cadre de l’enquête insertion de la Conférence des grandes écoles ont opté pour cette formule en dernière année. Revers de la médaille: "il existe très peu de programmes d’écoles de commerce qui permettent de concilier apprentissage et expatriation sur plusieurs mois. C’est la principale raison qui m’a poussée à choisir Kedge BS".

"J’ai obtenu 25.000 euros de bourse de l’école"

A plus de 12.000 euros l’année, le programme grande école post-bac en 5 ans de l’Iéseg était clairement inaccessible pour Karim Maaizate et sa famille. "Je voulais travailler dans la finance sans passer par la case prépa, et je ne voulais pas me freiner pour des questions d’argent, raconte le jeune rouennais de 23 ans. Je savais que je pouvais prétendre à des bourses, alors j’ai candidaté en 2018 à la première école du classement de l’époque, c’était l’Iéseg. Pour voir." Et ça marche. Boursier Crous échelon 5, il touche chaque mois un peu moins de 500 euros et une aide au logement. Pas suffisant pour joindre les deux bouts, même à Lille.

"Ce qui est le plus stressant, ce ne sont pas tant les frais de scolarité que la vie à côté: le loyer, les courses..." Raison pour laquelle, dès son entrée à l’Iéseg (8,6% de boursiers) en 2018, il se lance dans une chasse aux bourses et enchaîne les jobs étudiants. "J’ai obtenu 25.000 euros de de l’école et un prêt à taux zéro de 26.000 euros de sa fondation. J’ai aussi sollicité des aides de la fondation de l’université de Lille, énumère Karim qui regrette le manque de visibilité de ces dispositifs. En cherchant bien on trouve, mais ça prend du temps. Il existe même des aides pour partir à l’étranger." Pour financer son échange de quatre mois en Corée du Sud, il  a ainsi touché 1.400 euros de bourse Mermoz, une aide régionale dédiée aux mobilités internationales pour les étudiants des Hauts-de-France. 

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"J’ai trouvé des jobs rémunérés grâce mon activité de freelance"

A côté des bourses, des prêts et de l’alternance, nombreux sont ceux qui en école de commerce travaillent à côté de leurs études pour boucler les fins de mois. Depuis qu’il a décroché son prêt, Solal Sellier s’est d’ailleurs fixé un objectif: "je ne rembourserai que ce que j’ai réellement dépensé, plus les intérêts. Donc l’idée est pour moi d’en prendre le moins possible. Je débloque maximum 2.000 euros par mois dont plus de 1.200 pour l’école." En un an, le jeune homme de 22 ans a ainsi multiplié les jobs étudiants notamment dans l’intérim (hôtessariat, flyering, animation commerciale…). "J’ai aussi trouvé des jobs rémunérés de prospection commerciale grâce à l’association JET de l’école, qui est une sorte d’agence d’intérim, et des missions grâce à des plateforme pour étudiants freelance." 

Actuellement en stage à Bruxelles pour six mois, il touche par ailleurs une gratification "qui va me permettre d’économiser sur mon prêt". Si tous ces jobs ont représenté un investissement personnel important, ils font aussi parti de l’expérience "grande école" selon lui. "Nous sommes formés pour devenir managers et donc pour prendre des décisions qui auront un impact sur le travail des gens. Je peux vous dire que quand on a passé des heures à distribuer des flyers et à se prendre des portes dans des galeries commerciales, ça remet clairement la fonction en perspective!"

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