Artisanat du bâtiment : l'activité continue de reculer
L'activité des artisans du bâtiment est en retrait sur deux trimestres consécutifs, et la baisse s'accélère. Le fléchissement touche désormais les travaux de rénovation qui ne compensent plus l'effondrement de la crise de la construction de logements.
Le coup de froid pour les artisans du bâtiment se durcit. Après avoir connu deux belles années de croissance, les professionnels des chantiers font face à un retournement d'activité qui s'accentue selon les dernières statistiques de leur confédération, la Capeb. Des données qui confirment l'effondrement de la construction neuve de logements mais aussi le fléchissement de la demande de travaux de rénovation, y compris thermique.
La Capeb, qui a publié sa note de conjoncture pour le troisième trimestre, fait état d'une baisse de l'activité tous travaux confondus de 1 % par rapport à la même période de 2022, sachant que le deuxième trimestre 2023 avait été marqué par un point de bascule avec un retrait de 0,5 %.
Une dynamique qui retombe
En tendance annuelle, soit un cumul sur douze mois, l'activité est étale. La dynamique qui avait suivi la sortie du premier confinement de 2020 est retombée, et la dégradation en cours fait que la situation des artisans est moins favorable qu'avant la crise sanitaire.
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L'effondrement du marché de la construction neuve ne fait que s'amplifier, la baisse atteignant désormais 3 % pour la période juillet-septembre, soit le double du fléchissement constaté au deuxième trimestre 2023. Le moteur que constituaient les travaux d'entretien et de rénovation est à l'arrêt pour le deuxième trimestre consécutif. Plus préoccupant, l'heure est à l'essoufflement pour ceux relevant de l'amélioration de la performance énergétique du logement : à +1,5 %, la décélération se poursuit depuis le troisième trimestre 2022 (+4 %).
« Le résultat est contre-intuitif. On est à +1,5 % alors que l'on devrait être au-delà de 2 % », observe le président de la Capeb, Jean-Christophe Repon, faisant référence aux enjeux relatifs au réchauffement climatique et au prix de l'énergie.
Un gouvernement « sourd »
Dans ce contexte, la situation des artisans du bâtiment se dégrade en termes de trésorerie, 21 % des entreprises déclarent une détérioration de leur trésorerie.
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« Il faut prendre le contexte au sérieux », commente Jean-Christophe, avant de marteler : « le gouvernement est totalement sourd. » Le président de la Capeb, qui avance désormais l'hypothèse d'une « tendance » sur l'année « entre -0,5% et -1% », constate notamment que les propositions formulées par la confédération depuis plusieurs mois à propos de MaPrimRénov', sujet central, ne sont pas prises en considération. « Il ne faut pas opposer la rénovation globale à la rénovation par geste. », réaffirme notamment Jean-Christophe Repon. Ce dernier appelle encore, par ailleurs, à simplifier le système de labellisation des entreprises agréées pour effectuer les travaux subventionnés (la mention « Reconnu Garant de l'Environnement » ou RGE).
Les Assises du bâtiment, qui devaient à nouveau être réunies en juin, puis annoncées pour juillet puis septembre, n'ont toujours pas eu lieu, les sujets concernés devant être désormais traités lors d'Assises de la simplification administrative, promises par le ministre de l'Economie.
Christophe Palierse