Académie de Créteil : le « combat constant » pour une véritable école inclusive

Accompagnants d’élèves en situation de handicap pas assez nombreux, parents en galère, syndicats, élus et collectifs en soutien… La question de l’inclusion scolaire inquiète dans l’académie de Créteil, comme en témoigne le rassemblement organisé devant le rectorat ce mercredi après-midi.

Créteil (Val-de-Marne), mercredi 18 octobre 2023. Une soixantaine de personnes ont pris part à ce rassemblement en faveur de l'école inclusive devant les bureaux du rectorat de l'académie de Créteil. LP/Gérald Moruzzi
Créteil (Val-de-Marne), mercredi 18 octobre 2023. Une soixantaine de personnes ont pris part à ce rassemblement en faveur de l'école inclusive devant les bureaux du rectorat de l'académie de Créteil. LP/Gérald Moruzzi

    Les mêmes mots pour dénoncer les mêmes maux, peu ou prou les mêmes pancartes et banderoles. Devant les locaux du rectorat de l’académie de Créteil (qui regroupe les départements du Val-de-Marne, de Seine-Saint-Denis et de la Seine-et-Marne), ce mercredi après-midi à Créteil (Val-de-Marne), une soixantaine de personnes sont rassemblées pour redire, inlassablement, cette inquiétude et cette colère qui s’expriment régulièrement à propos des conditions de scolarisation des enfants en situation de handicap, mais aussi de la dégradation des conditions de travail des personnels.

    Ces dernières « ne cessent de se dégrader, souligne Clarisse, accompagnante d’élèves en situation de handicap (AESH) depuis maintenant six ans. Ce n’est juste pas possible, on fait du travail bâclé. » Chaker, l’un de ses collègues de Seine-Saint-Denis, accompagne quatre élèves depuis la rentrée. « Je connais quelqu’un qui en suit dix, confie-t-il. Alors on jongle, on essaye de faire de notre mieux. »

    Audrey Tatry fait de même pour que Sohan, son garçon âgé de 6 ans, soit accompagné dans ses apprentissages dans un cadre scolaire. Cette maman de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) est même allée jusqu’au tribunal administratif pour faire reconnaître le droit à la scolarité de son jeune protégé, avec succès. « Je n’avais pas le choix, souligne-t-elle, prête à soulever des montagnes. C’est un combat constant, tout au long de l’année. C’est assez épuisant moralement, mais il faut agir. »

    Le rectorat prêt à travailler avec une association

    Avec ses camarades de l’association « Une école inclusive pour tous », dont elle assure la présidence, cette mère courage peut se targuer d’une autre réussite, d’un premier contact prometteur : « On a été reçu au rectorat et ils veulent travailler avec nous », confie-t-elle. Au cabinet de la rectrice, on confirme : « Nous allons voir ce que l’on peut développer ensemble », nous explique-t-on, sans trop en dire pour le moment.

    Prise de paroles après prise de parole, on se dit vite qu’il faudra bien plus que des discussions pour améliorer la situation sur le front de l’inclusion scolaire. « Il y a aujourd’hui en France des centaines de milliers d’enfants qui n’ont pas accès à l’instruction », pointe la députée Sophie Taillé-Polian (Génération.s).

    Selon les chiffres mis en avant par le rectorat au début de l’année scolaire, l’académie de Créteil compterait plus de trois fois plus d’AESH qu’en 2017 (près de 7 900 contre un peu moins de 2 300). Un nombre encore bien insuffisant, surtout au regard de l’avalanche de notifications donnant droit à un accompagnement qui a déferlé sur l’académie ces derniers mois.

    Créteil, mercredi 18 octobre 2023. Sur le front de l'école inclusive, les pancartes et les banderoles ne sont jamais rangées bien longtemps dans l'académie de Créteil.
    Créteil, mercredi 18 octobre 2023. Sur le front de l'école inclusive, les pancartes et les banderoles ne sont jamais rangées bien longtemps dans l'académie de Créteil.

    AESH, un métier « toujours pas attractif »

    « Oui, nous avons des difficultés à recruter », assume le rectorat, qui voilà quelques semaines a relancé une campagne de recrutement « au plus proche des établissements et des besoins ». Enseignante et référente AESH dans le Val-de-Marne pour le Snuipp-FSU 94, Magalie Trarieux nourrit plus qu’un doute sur le succès de cette campagne : « Le métier n’est toujours pas attractif ».

    Alors que les pancartes sont rangées et les banderoles repliées, on comprend que d’autres rassemblements et manifestations auront lieu dans l’académie. « Plein de collectifs sont en train de se monter autour du sujet de l’école inclusive, souligne Amandine Bugnicourt, du collectif des parents du Val-de-Marne. C’est le signe que cela déborde. »