La pandémie de Covid-19 n’est plus qu’un mauvais souvenir. Les droits collectés pour les auteurs et compositeurs de musique dans le monde entier ont, pour la première fois, franchi la barre des 10 milliards d’euros, pour atteindre 10,83 milliards en 2022 (+ 28 % par rapport à 2021), selon le rapport annuel de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs (Cisac) publié jeudi 26 octobre. Cette performance s’explique par l’essor du streaming par abonnement, qui s’impose comme la première source de revenus des créateurs de musique.
Géographiquement, l’Europe reste la première région, avec plus de la moitié des collectes musicales mondiales. Parmi les principaux pays qui collectent le plus, tous ont connu une croissance très forte en 2022, de 30,5 % pour le numéro un, les Etats-Unis, suivi par la France (+ 39,3 %), puis le Royaume-Uni (+ 24,3 %) et l’Allemagne (+ 17,9 %).
L’enquête de la Cisac souligne que « le numérique stimule la croissance dans les plus petits marchés », surtout dans la région Asie-Pacifique. Dans certains pays comme l’Indonésie, le Vietnam, la Thaïlande ou les Philippines, la part de marché du numérique atteint ou dépasse 80 % dans la musique grâce au streaming.
Retour des festivals et des grandes tournées musicales
En 2022, les revenus du spectacle vivant ont certes bondi de 68 % pour atteindre 2,5 milliards d’euros, toujours au niveau mondial, grâce au retour des festivals et des grandes tournées musicales. Mais, au total, ce secteur n’a pas encore totalement récupéré son niveau d’avant-pandémie (2,7 milliards d’euros en 2019).
Hormis la musique, les droits collectés pour les auteurs audiovisuels ont fortement progressé pour atteindre, en 2022, un record de 646 millions d’euros. Les revenus des créateurs pour les arts visuels et graphiques ont représenté 220 millions d’euros, un peu moins que les droits collectés pour le répertoire littéraire (207 millions d’euros). Enfin, les collectes liées à l’utilisation des œuvres dramatiques ont augmenté de façon très significative pour représenter 169 millions d’euros. Tous ces artistes sont près de dix fois moins bien servis que leurs collègues dans la musique.
Le président de la Cisac depuis 2020, Björn Ulvaeus, lui-même guitariste, parolier, chanteur et producteur suédois qui a été un des membres du groupe Abba, se félicite que « le système de gestion collective reste solide et efficace » et permette de répartir « plus de droits à davantage de créateurs ». Une « bonne nouvelle », car juste après le Covid-19 et la crise économique, un « autre défi existentiel nous attend : l’intelligence artificielle [IA] ». Le chanteur milite pour que les créateurs soient entendus sur cette question à l’Organisation des Nations unies. En affirmant sans ambages que « sans règles strictes pour protéger les créateurs, l’IA menace leurs moyens de subsistance de manière significative ».