Marinière sur les épaules, Pierre Karleskind déambule dans le Parlement européen, ce jeudi de février. Eurodéputé (Renew Europe) et président de la commission pêche à Bruxelles, le Brestois lâche : « Actuellement, nous avons tout pour servir la pêche et la Bretagne. » Nous ? L’élu parle de cet aréopage de Bretons chargés des affaires maritimes du pays.
Parmi eux : Pierre Karleskind donc, mais aussi Hervé Berville, député (Renaissance) des Côtes-d’Armor devenu secrétaire d’Etat à la mer en juillet 2022. M. Berville assume « rendre à la Bretagne ce qu’elle lui a donné ». La formule sonne comme une référence à Jean-Yves Le Drian, ministre de 2012 à 2022, surnommé « le ministre de la Bretagne » pour sa propension à influer en faveur de la région qu’il a dirigée. Son successeur depuis 2017 à la tête du conseil régional de Bretagne, Loïg Chesnais-Girard (divers gauche), complète cette « équipe Bretagne ».
Ces élus usent de l’entregent pour intervenir sur la réglementation sur les mailles des filets de pêche, négocier avec TotalEnergies une ristourne à la pompe en faveur des professionnels, obtenir l’organisation, en novembre, à Saint-Malo, des 50 ans de la Conférence des régions périphériques et maritimes. Cette instance est chargée de promouvoir les intérêts des collectivités locales auprès des ministres et parlementaires de l’Union européenne.
Agacés
Lorsque Pierre Karleskind présente, mardi 24 octobre, un rapport devant la commission pêche à Bruxelles, beaucoup entrevoient une manœuvre pour défendre les intérêts français et… bretons. Son texte plaide pour « adapter » la politique commune des pêches aux différentes zones de capture, notamment dans le golfe de Gascogne, puis soutient « les demandes exprimées par le gouvernement français sur la mise en place de quotas pluriannuels sur certaines espèces ».
Président du comité national des pêches et du port de Keroman à Lorient (Morbihan), Olivier Le Nézet apprécie les initiatives de ces élus « dont il a l’oreille ». Lui aussi fait partie de « l’équipe Bretagne ». Jugé trop « timoré » par nombre de pêcheurs lors de ses premiers pas de représentant de la profession, M. Le Nézet transgresse désormais l’esprit consensuel du lobby.
Lors des Assises annuelles de la mer, à Nice, le 23 septembre, M. Le Nézet a quitté la salle lors du discours d’Hervé Berville, emmenant dans son sillage les pêcheurs de l’assistance agacés de ne pas obtenir davantage d’aides publiques. Les bras de fer imposés par le porte-parole des pêcheurs agacent au-delà du cénacle breton. Caroline Roose, eurodéputée écologiste, s’est plainte à la tribune du Parlement européen des « menaces » et des « intimidations » d’Olivier Le Nézet.
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