Séries longues sur les salaires dans le secteur privé et dans la fonction publique Base Tous salariés - Insee Résultats

Chiffres détaillés
Insee Résultats
Paru le :Paru le25/10/2023
Insee Résultats- Octobre 2023

Le pouvoir d’achat du salaire net moyen a progressé de 4,9 % dans le secteur privé et de 2,1 % dans la fonction publique entre 2011 et 2021

Insee Résultats

Paru le :25/10/2023

Entre 2011 et 2021, le pouvoir d’achat des salaires a davantage progressé dans le privé que dans le public

Entre 1996 et 2021, le salaire net moyen en équivalent temps plein des salariés du secteur privé a augmenté de 15,6 %, en euros constants (c’est-à-dire corrigé de l’inflation), soit de 0,6 % par an en moyenne. Le salaire des ouvriers a progressé de 17,4 % sur cette période, soit plus rapidement que celui des autres catégories socioprofessionnelles (+12,1 % pour les employés, +4,7 % pour les cadres et +3,3 % pour les professions intermédiaires). Les salaires d’une partie des employés et des ouvriers, notamment les moins qualifiés, sont proches du Smic et peuvent bénéficier de ce fait de ses revalorisations, directement ou par un effet de diffusion, au travers notamment d’accords de branches. Les salaires des cadres sont quant à eux davantage sensibles aux chocs conjoncturels car ils intègrent une part variable en général plus importante que pour les autres catégories socioprofessionnelles.

Sur une période plus récente, entre 2011 et 2021, le salaire net en équivalent temps plein a progressé en moyenne de 4,9 % en euros constants dans le privé, soit une hausse de 0,4 % en moyenne par an. Les évolutions atypiques des dernières années (forte hausse en 2020 puis baisse en 2021) résultent pour partie des modifications temporaires dans la composition de l’emploi, imputables à la crise sanitaire (les périodes de chômage partiel et les destructions momentanées d’emploi ont en effet davantage concerné les emplois les moins rémunérateurs, rehaussant ainsi mécaniquement le salaire moyen de façon temporaire). Sur la même période, entre 2011 et 2021, le salaire net moyen en équivalent temps plein a augmenté de 2,1 % en euros constants dans la fonction publique (soit +0,2 % en moyenne chaque année) ; en légère baisse durant la décennie 2010, il a en effet fortement rebondi depuis 2020, notamment dans la fonction publique hospitalière, à la faveur des primes exceptionnelles versées durant la crise sanitaire puis des mesures de revalorisations prises dans le cadre des accords du Ségur de la Santé. Le salaire net moyen des fonctionnaires a augmenté de 2,6 % entre 2011 et 2021 (-1,1 % pour les fonctionnaires de catégorie A, -0,2 % pour ceux de catégorie B et +4,4 % pour ceux de catégorie C), celui des non-fonctionnaires (hors personnels médicaux) a augmenté de 1,5 % et celui des personnels médicaux de 10,9 %.

Les écarts de salaire entre femmes et hommes se réduisent sur longue période, mais demeurent substantiels

L’écart de salaire moyen en équivalent temps plein entre femmes et hommes dans le privé est de 14,5 % en 2021, en incluant apprentis et stagiaires (en les excluant, il est de 14,8 %). Cet écart résulte pour partie des différences de structure des emplois des femmes et des hommes, notamment par secteur et niveau de qualification. Il s’est réduit de près de 7,9 points, soit d’un tiers, par rapport à son niveau de 1996. En effet, le salaire net moyen des femmes a progressé plus rapidement que celui des hommes sur la période : +0,9 % par an en moyenne en euros constants pour les premières, contre +0,5 % pour les seconds. La réduction de l’écart salarial entre femmes et hommes résulte notamment de la hausse de la part des femmes parmi les emplois les plus qualifiés (en particulier parmi les cadres, leur part passant de 24 % en 1996 à 37 % en 2021), même si elles demeurent minoritaires parmi les emplois les mieux rémunérés.

Entre 2011 et 2021, l’écart de salaire moyen dans la fonction publique entre les femmes et les hommes s’est réduit de 3 points pour s’établir à 11,3 % en 2021.

Sources

Séries longues sur les salaires en France

Dans le secteur privé, les séries longues de salaires nets annuels en équivalent temps plein (EQTP) d’une part, des temps complets d’autre part, sont élaborées à partir des données issues des bases « Tous salariés ». Ces bases sont elles-mêmes constituées à partir de deux principales sources administratives :

  • les déclarations sociales nominatives (DSN) ;
  • les déclarations annuelles de données sociales (DADS).

Les DADS, qui existent depuis 1951 (puis les DSN depuis 2017), sont des déclarations sociales administratives de quasiment tous les établissements employeurs auprès des régimes général et agricole de sécurité sociale, sur les rémunérations versées à chacun de leurs salariés.

Dans la fonction publique, les séries longues de salaires nets annuels en équivalent temps plein (EQTP) sont élaborées à partir des données issues du Système d'information sur les agents des services publics (Siasp) depuis 2009. Antérieurement, les données (concentrées pour l’essentiel sur la fonction publique de l’État) provenaient des fichiers de paie des agents de l’État ou des DADS.

L’ensemble de ces séries longues de salaires a fait l’objet d’une rétropolation, c’est-à-dire de traitements statistiques consistant à ajuster les observations passées pour corriger des diverses ruptures liées aux changements de sources (par exemple, passage des DADS aux DSN principalement en 2017 dans le secteur privé), aux changements de nomenclatures (par exemple, passage à la nomenclature d’activités française NAF rév.2 en 2008), à des changements de concept (par exemple, intégration des cotisations patronales de complémentaire santé obligatoires - CPCSO - en 2013 dans l’assiette sur laquelle s’appuie le calcul du salaire net), à des changements de périmètre de disponibilité des données, etc. En d’autres termes, les séries ont été ajustées de sorte que les évolutions qu’elles mesurent reflètent la réalité économique des dynamiques salariales et non les effets dus à des changements de la mesure statistique.

Dans le secteur privé, les séries longues de salaires nets annuels en équivalent temps plein (EQTP) sont disponibles sur une période remontant à 1996 ; celles de salaires nets annuels des temps complets sont disponibles sur plus longue période, certaines remontant même jusqu’en 1951. Dans la fonction publique, la profondeur temporelle des données disponibles est moindre. Enfin, deux ruptures de série majeures mais anciennes n’ont pu être corrigées : celle liée au changement de la nomenclature de professions et catégories socioprofessionnelles de 1982 et celle liée au changement de la nomenclature d’activités de 1993. Deux jeux de séries longues (pour le secteur privé) dans chacune de ces deux anciennes nomenclatures et disponibles sur des périodes s’arrêtant respectivement en 1982 et 1992 sont toutefois laissés à disposition de l’utilisateur dans la présente publication (tableaux TC02A et TC04A/TC05A).

Les séries longues en lien avec les paramètres salariaux légaux (Smic, plafond de Sécurité sociale, taux de prélèvements sociaux, valeur du point d’indice de la fonction publique, etc.) sont calculées par l’Insee directement à partir des valeurs fixées par la législation sociale. Les séries longues relatives au salaire horaire de base des ouvriers sont produites par la Dares à partir de l’enquête Acemo (Activité et conditions d’emploi de la main-d’œuvre).

Sauf mention contraire explicite, les séries de salaires (niveaux ou évolutions de salaires) sont exprimées en euros courants, c’est-à-dire non corrigées de l’inflation. En particulier, les deux jeux de séries évoqués supra et s’arrêtant en 1982 et 1992 sont, comme toutes les autres séries, convertis en euros même si la monnaie nationale en vigueur sur les périodes concernées était le franc.

Les séries de salaires explicitement présentées comme étant exprimées en euros constants sont corrigées de l’inflation : elles reflètent l’évolution du pouvoir d’achat des salaires. À titre d’exemple, un salaire annuel passant de 20 000 euros à 21 000 euros entre deux dates augmente de 5 % en euros (courants) ; si l’inflation sur la même période est également de 5 %, le salaire sera resté stable en euros constants ; en d’autres termes, son pouvoir d’achat aura stagné.

Définitions

Poste de travail :

Dans les statistiques d'emploi et de salaire, un poste de travail (ou poste) correspond à la relation entre un salarié et un établissement pendant une période donnée. Ainsi, un salarié qui travaille dans deux établissements (à une date donnée ou sur une certaine période, par exemple une année) occupe deux postes. Inversement, plusieurs contrats de travail entre le salarié et le même établissement (à une date donnée ou successivement sur une certaine période) ne constituent qu'un seul poste.
Remarque :
Le poste de travail est l’unité statistique de base pour les résultats issus des bases « Tous salariés », Siasp (système d'information des agents du secteur public), Clap (connaissance locale de l'appareil productif) et Flores (fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié), qui succède à Clap à partir de 2017.
Les séries longues de salaires étant élaborées à partir des bases Tous salariés, l’unité statistique de base pour leur construction est également le poste de travail.

Salaire :

Le salaire est le paiement du travail convenu entre un salarié et son employeur au titre du contrat de travail dans le secteur privé et pour les agents contractuels dans la fonction publique, ou de l’emploi pour les fonctionnaires. Il comprend le salaire de base (ou traitement indiciaire dans la fonction publique) mais aussi les primes, la rémunération des heures supplémentaires ou complémentaires effectuées, l’épargne salariale (intéressement, participation, abondement), d’autres indemnités et rémunérations annexes (indemnité de résidence, supplément familial, etc.) et les avantages en nature.
Le salaire brut correspond à l’intégralité des sommes perçues par le salarié avant déduction des cotisations salariées de sécurité sociale, de la contribution sociale généralisée (CSG) et de la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Le salaire net (de prélèvements sociaux) est le salaire que perçoit effectivement le salarié (en espèces ou en nature). Il est net de toutes cotisations sociales, de CSG et de CRDS mais pas du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.
Rapporté à une unité de volume de travail qui peut être une heure ou un équivalent temps plein, le salaire horaire ou le salaire en EQTP permettent de comparer des emplois ou des postes de travail de durée et de temps de travail différents.

Salaire en équivalent temps plein (EQTP) :

Le salaire en équivalent temps plein (EQTP) est un salaire converti à un temps plein pendant toute l'année, quel que soit le volume de travail effectif. Par exemple, pour un agent ayant occupé un poste de travail pendant six mois à 80 % et ayant perçu un total de 10 000 euros, le salaire en EQTP est de 10 000/(0,5*0,8) = 25 000 euros par an.
Pour calculer le salaire moyen en EQTP ou sa distribution, tous les postes y compris les postes à temps partiel sont pris en compte au prorata de leur volume de travail effectif (soit 0,5*0,8=0,4 EQTP dans l'exemple précédent).

Fonction publique :

Le périmètre de la fonction publique renvoie aux personnes morales et organismes soumis au droit administratif dans lequel le recrutement se fait sur la base du droit public.
La fonction publique se décompose en trois versants : la fonction publique de l'État (FPE), la fonction publique territoriale (FPT) et la fonction publique hospitalière (FPH).
Le tracé de chaque versant s'appuie essentiellement sur la catégorie juridique de l'employeur.
Il existe une notion plus large : l'emploi public, qui renvoie à une approche économique, utilisé par la comptabilité nationale. L'emploi public comptabilise les personnes travaillant à titre principal dans des administrations publiques (administrations, organismes publics et organismes privés financés majoritairement par prélèvements obligatoires).

Champ

Les séries longues de salaires nets annuels en équivalent temps plein et des temps complets portent sur la France hors Mayotte depuis 2000 dans le secteur privé et depuis 2009 dans la fonction publique. Les variations de champ géographique dans le passé (liées à la disponibilité de données dans les départements d’outre-mer) sont précisées dans chaque tableau contenant les séries.

Les séries du secteur privé portent sur l’ensemble des salariés du secteur privé, à l’exclusion des salariés du secteur agricole et des particuliers-employeurs. Leur champ inclut en particulier les bénéficiaires de contrats aidés ou de professionnalisation. En outre, à la différence des données publiées dans l’Insee Première n° 1938 sur les salaires du privé en 2021 et de celles - hors séries longues - mises à disposition dans l’outil de datavisualisation associé, le champ des séries longues publiées dans cet Insee Résultats inclut également les apprentis et stagiaires, afin de disposer d’un champ homogène sur longue période.

Les séries de la fonction publique portent sur l’ensemble des salariés civils de la fonction publique, qu’ils soient fonctionnaires ou non. Le champ exclut les militaires, les élus, les internes et externes en médecine, les assistantes maternelles et les apprentis, mais inclut les bénéficiaires des contrats aidés.

Le secteur privé s’entend au sens large, c’est-à-dire y compris entreprises publiques. Une entreprise publique est une entreprise sur laquelle l'État peut exercer directement ou indirectement une influence dominante du fait de la propriété ou de la participation financière, en disposant soit de la majorité du capital, soit de la majorité des voix attachées aux parts émises. Les entreprises publiques sont donc à bien distinguer de la fonction publique (qui regroupe les personnes morales et organismes soumis au droit administratif dans lequel le recrutement se fait sur la base du droit public). 

Pour en savoir plus

Insee, Outil de datavisualisation des salaires.

L'essentiel sur... les salaires

Andriamboavonjy T., Ntamakuliro Inema J.-L., « Les salaires dans la fonction publique hospitalière », Insee Première n° 1965, septembre 2023.

Ntamakuliro Inema J.-L., Vaslin Y., « Les salaires dans la fonction publique territoriale », Insee Première n° 1956, juillet 2023.

Ntamakuliro Inema J.-L., Volat G., « Les salaires dans la fonction publique de l'État », Insee Première n° 1955, juin 2023.

Godet F., « Dans le secteur privé, l’écart de salaire entre femmes et hommes est d’environ 4 % à temps de travail et à postes comparables en 2021 », Insee Focus n° 292, mars 2023.

Sanchez Gonzalez J., Sokhna N. P., « Les salaires dans le privé en 2021. Des évolutions encore affectées par la crise sanitaire », Insee Première n° 1938, février 2023.

Godet F., Sueur É., « Percevoir un bas salaire dans le secteur privé : seule une petite majorité s'en est sortie quatre ans plus tard », Insee Première n° 1923, septembre 2022.

Frel Cazenave É., Guggemos F., « Avec le dispositif de chômage partiel, les revenus professionnels des salariés n’ont, en moyenne, pas baissé en 2020 », in Emploi, Chômage, Revenus du Travail, coll. « Insee Références », juin 2021.

Berger E., Clé É., « Le pouvoir d’achat du salaire net dans le secteur privé a progressé de 13,1 % entre 1996 et 2018 », Insee Focus n° 230, avril 2021.

Frel Cazenave É., Guggemos F., « Prime exceptionnelle de pouvoir d’achat en 2019 : entre hausse des salaires et aubaine pour les entreprises », in Emploi, Chômage, Revenus du Travail, coll. « Insee Références », juillet 2020.

Berger E., Bonnet O., « Les hauts salaires dans le secteur privé. Davantage de directeurs que de traders et de footballeurs », Insee Première n° 1800, mai 2020.