Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Les associations étudiantes en école de commerce peinent à rompre avec les violences sexistes et le harcèlement

Pilier de l’expérience sur les campus, les associations étudiantes ont longtemps perpétué des « traditions » sexistes. Malgré la mobilisation des établissements sur les violences sexistes et sexuelles, les débordements se poursuivent.

Par 

Publié le 31 octobre 2023 à 06h00, modifié le 31 octobre 2023 à 20h00

Temps de Lecture 6 min.

Article réservé aux abonnés

En école de commerce, mieux vaut soigner son entrée. Les premiers pas dans cet univers codifié représentent un moment crucial. On célèbre, lors du week-end d’intégration, la réussite au concours, après plusieurs années d’abnégation studieuse en classe préparatoire. On forge son esprit de corps, à coups de jeux et de défis sportifs. On tente d’intégrer une association étudiante, découvrant la puissance du réseau. Ses dérives toxiques aussi. Le premier semestre en grande école est une « red zone » : cette notion, élaborée par des chercheurs américains, pointe la prégnance de violences sexistes et sexuelles lors des premiers mois de rentrée. Elle se confirme en France.

Pendant sa scolarité à Audencia, Margot Tramontana raconte avoir été harcelée par le journal télévisé du G-Eyes, une association officielle financée par l’école. Lorsqu’elle intègre l’établissement nantais en 2012, l’étudiante a une relation avec un membre d’une association de l’école, ce qui engendre une rumeur dégradante à son égard. « Face caméra, trois membres du JT – des hommes – sont venus me poser des questions sur mes pratiques sexuelles. Trois autres étudiants, toujours des hommes, assistent à la scène et m’insultent. Le JT a ensuite été diffusé devant 400 personnes, avec cinq longues minutes d’images destinées à m’humilier. » Après la diffusion de l’émission, l’étudiante décide de ne plus fréquenter les soirées et finit par quitter l’école en 2014, avant même d’être diplômée.

Ces JT, eux, continuent d’être diffusés devant des amphithéâtres bondés, plusieurs fois par an. Le Monde a visionné celui de décembre 2022. Au menu : vidéos de soirées, élection des « plus gros chopeurs » et des « plus gros suceurs des assos », ciblage de certaines étudiantes, attaquées sur leur vie privée : « T’as bien dormi ? On pense que oui en étant doublement bien accompagnée. Deux zizis en une soirée, ça se passe comment la double sentence ? » Ce n’est qu’en mai 2023, après une enquête menée par Médiacités, qu’Audencia met un terme aux journaux télévisés de l’association. En septembre, Margot Tramontana, aujourd’hui comédienne et metteuse en scène, envoie une lettre à l’école, signée par trente anciens élèves de l’établissement : « On nous répète sans cesse que les “grandes écoles” forment “les élites de demain”. Il est grand temps qu’elles s’interrogent sur la garantie d’un climat scolaire serein pour assurer la bonne formation des futurs patrons. »

Alexandre Pourchet, directeur du programme grande école d’Audencia, reconnaît que l’école a « manifestement manqué de vigilance dans le contrôle de cette association ». Il précise néanmoins que les derniers JT « n’avaient donné lieu à aucune remontée d’étudiants avec le processus d’alerte », et rappelle que les responsables de ce JT avaient, comme tous les présidents d’association depuis septembre 2022, suivi les quatre formations de trois heures consacrées aux violences sexistes et sexuelles (VSS). Le dispositif a été élargi en 2023 à tous les membres des associations, en partenariat avec le groupe Egaé, cofondé par Caroline De Haas. Chaque association compte par ailleurs désormais un référent VSS.

Il vous reste 70.49% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.