Publicité
Décryptage

L'ascenseur social fonctionne moins bien en France qu'ailleurs

Une étude de l'Institut des politiques publiques montre que la mobilité intergénérationnelle de revenus dans l'Hexagone est parmi les plus faibles des pays développés. Les racines de cet immobilisme se trouvent dans les fortes inégalités d'accès à l'enseignement supérieur.

« Les enfants de familles défavorisées ont 2,5 fois moins de chances d'obtenir un diplôme supérieur que ceux des familles très favorisées », indique une étude de L'Institut des politiques publiques (IPP).
« Les enfants de familles défavorisées ont 2,5 fois moins de chances d'obtenir un diplôme supérieur que ceux des familles très favorisées », indique une étude de L'Institut des politiques publiques (IPP). (SIPA)

Par Nathalie Silbert

Publié le 30 oct. 2023 à 15:46Mis à jour le 30 oct. 2023 à 16:03

La France est un pays où la redistribution est forte. Mais comment se situe-t-elle par rapport aux autres pays développés en termes d'égalité des chances ? L'Institut des politiques publiques (IPP) s'est penché sur cette question. Sa conclusion est sans appel : l'Hexagone figure parmi les pays développés où la mobilité intergénérationnelle est la plus faible.

« Seuls 9,7 % des enfants issus des 20 % des ménages aux revenus les plus faibles se retrouvent parmi les 20 % des ménages les plus aisés à l'âge adulte », écrivent les économistes de l'IPP.

Cette proportion est quatre fois plus élevée pour les enfants nés dans les familles les 20 % les plus favorisées. Près d'un enfant sur trois (31,8 %) issu des foyers les 20 % les plus modestes se trouve toujours dans cette catégorie à l'âge adulte. Les chances de progrès sont un peu plus importantes pour les classes moyennes.

L'Hexagone arrive en tête du classement sur un point : les enfants issus d'une famille dans le haut de l'échelle des revenus sont plus nombreux à y rester.

Publicité

Inégalité d'accès à l'enseignement supérieur

Pour réaliser leurs travaux, les chercheurs de l'IPP se sont intéressés à la génération des enfants nés en France métropolitaine entre 1972 et 1981 et ont mesuré leurs revenus au niveau de leur ménage entre 35 et 45 ans en le comparant à ceux de leurs parents au même âge.

Selon l'IPP, seuls les Etats-Unis font moins bien que la France en termes de mobilité sociale. L'Italie se situe peu ou prou dans une position identique, mais fait mieux pour la mobilité ascendante. L'Espagne, les pays nordiques (Suède, Danemark), et l'Australie sont les meilleurs élèves. En 2018, un rapport de l'OCDE avait déjà conclu à un déterminisme social plus fort dans l'Hexagone que dans d'autres pays.

Pour les chercheurs de l'IPP, les racines de cet immobilisme social se trouvent dans les fortes inégalités d'accès à l'enseignement supérieur. La reproduction sociale joue à plein. « Les enfants de familles défavorisées ont 2,5 fois moins de chances d'obtenir un diplôme supérieur que ceux des familles très favorisées », indiquent-ils.

Hétérogénéité géographique

L'IPP note aussi une grande hétérogénéité sur le plan géographique. Les enfants nés dans des départements riches, en Ile-de-France ou à proximité de la Suisse, sont mieux lotis parce qu'ils bénéficient d'opportunités d'ascension économique plus nombreuses, analyse-t-il. A contrario, le déterminisme social joue davantage dans les Hauts-de-France, où le chômage est important, et dans les départements de la côte méditerranéenne.

Selon l'étude, la mobilité géographique peut avoir des effets positifs pour les plus défavorisés. Les enfants nés de parents aux revenus les plus faibles qui déménagent vers les départements à hauts revenus « atteignent en moyenne le même niveau de revenu que les enfants de familles aisées qui n'ont pas déménagé », est-il écrit.

L'IPP prend soin de préciser que ses travaux sont complémentaires de ceux réalisés par l'Insee. En se penchant sur le revenu individuel des enfants et non pas sur le revenu du ménage, les auteurs Michaël Sicsic et Hicham Abbas avaient montré dans une étude publiée en mai 2022 que l'ascenseur social fonctionnait encore en France , sans toutefois remettre en cause l'influence des revenus des parents sur ceux de leurs enfants.

Nathalie Silbert

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité