Près de sept ans après en avoir formulé le projet, plus de trois ans après le début des travaux, et après moult reports, Emmanuel Macron a inauguré, lundi 30 octobre, son grand œuvre, la Cité internationale de la langue française, dans le château restauré de Villers-Cotterêts (Aisne). Un moment qu’il a « longtemps attendu », a glissé le président de la République à son arrivée.
Devant la façade Renaissance d’inspiration italienne délicatement restaurée, le chef de l’Etat a évoqué ce jour de campagne présidentielle, en mars 2017, où « nous nous sommes retrouvés devant le château, totalement fermé à la ville », qui « menaçait de s’effondrer ». Le soir même, en meeting à Reims (Marne), « l’enfant de la Picardie », comme il s’est défini ce lundi, s’engageait, s’il était élu, à « le rouvrir, mais en lui faisant aussi porter ce qui est sa vocation : la langue française dans tout ce qu’elle emporte ». Et d’en faire « l’un des piliers symboliques de notre francophonie ». Car c’est dans ce château, à 80 kilomètres de Paris, que François Ier a signé, en 1539, l’ordonnance imposant le français dans les textes juridiques.
« L’état de délabrement du bâtiment lui a sauté au visage, se souvient le sénateur Renaissance de l’Yonne, Jean-Baptiste Lemoyne, qui l’accompagnait ce 17 mars 2017. Ce projet lui est tombé dessus comme une ardente obligation. » Dans ce pays de Valois sensible aux sirènes frontistes, le candidat Macron voulait signifier sa volonté de reconquête face aux avancées de l’extrême droite. Faire triompher son « patriotisme ouvert et généreux » sur le « projet nationaliste étriqué et conservateur » du Rassemblement national (RN).
La langue française, « un ciment »
Sept ans plus tard, le projet nationaliste n’a pas rendu les armes, tant s’en faut : Franck Briffaut, le maire RN de Villers-Cotterêts, a été réélu en 2020 pour un deuxième mandat, Marine Le Pen a progressé de 6 points entre le second tour de la présidentielle de 2017 (49,82 %) et celui de 2022 (56,23 %), et la circonscription est tombée dans l’escarcelle du RN au terme du premier quinquennat d’Emmanuel Macron.
Aussi le récit présidentiel sur Villers-Cotterêts a-t-il évolué. « A un moment où les divisions reviennent, les haines ressurgissent, où on voudrait renvoyer les communautés dos à dos, les religions, les origines », la langue française, « langue de liberté et d’universalisme », est « un ciment », a affirmé, ce lundi, Emmanuel Macron devant quelque 500 invités. Dans un monde liquide, « elle bâtit l’unité de la nation ».
Il vous reste 61.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.