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L’attentat d’Arras, une onde de choc durable pour les enseignants

Les professeurs ont retrouvé leurs classes lundi. La mort de leur collègue Dominique Bernard, tué par un ancien élève de son lycée radicalisé, a ancré notamment chez eux l’idée qu’ils pouvaient être ciblés pour leur métier. Témoignages.

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Publié le 07 novembre 2023 à 04h15, modifié le 07 novembre 2023 à 10h39

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Le 16 octobre 2023 à Lyon, un hommage à Dominique Bernard, professeur tué lors d’une attaque terroriste, le 13 octobre, à Arras.

C’était un geste anodin, celui d’un homme qui se promène dans la rue et introduit la main dans la poche intérieure de son manteau. Lorsqu’il n’en a sorti que son téléphone portable, Caroline (elle a souhaité rester anonyme, comme toutes les personnes citées par leur prénom) a pourtant poussé un soupir de soulagement. Car ce jour-là, alors qu’elle menait ses élèves de CP au gymnase la semaine suivant l’attentat du 13 octobre – lors duquel Dominique Bernard, enseignant au lycée Gambetta d’Arras, a été assassiné –, elle n’a pas pu s’empêcher d’imaginer que l’individu qui lui faisait face pourrait vouloir s’en prendre à la professeure qu’elle est. « On a peur, on se dit que ça pourrait viser n’importe lequel d’entre nous », souffle cette enseignante des Yvelines.

Pour une profession déjà profondément ébranlée par l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie tué par un terroriste à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) en 2020, l’attentat d’Arras fait l’effet d’un « terrible séisme aux multiples répliques », selon les mots de Sophie Vénétitay, à la tête du premier syndicat du secondaire, le SNES-FSU.

Passés le choc, les hommages, et une dernière semaine de cours en apnée rythmée par les alertes à la bombe dans de nombreux établissements scolaires avant les vacances de la Toussaint, se pose désormais la question de ses répercussions dans la durée, alors qu’élèves et enseignants ont repris le chemin des classes, lundi 6 novembre.

La mort de Samuel Paty, assassiné pour avoir exposé des caricatures de Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression, avait montré aux professeurs qu’ils pouvaient être tués pour le contenu de certains enseignements ; celle de Dominique Bernard a enraciné chez eux la vertigineuse idée qu’ils pouvaient être ciblés du simple fait de ce qu’ils sont. « Notre mission auprès des élèves, celle qui nous anime au quotidien et à laquelle on donne tout ce qu’on a, a été attaquée sans aucun prétexte. Ça m’a vraiment fait prendre conscience de notre vulnérabilité », explique Marie Cuirot, professeure d’histoire-géographie en lycée à Paris. En dépit d’une « combativité réaffirmée », elle se demande désormais : « Comment continuer ? »

« Les séquelles sont plus profondes qu’en 2020, estime Elisabeth Allain-Moreno, du SE-UNSA. Quand une crise frappe l’école, on voit d’habitude qu’elle affecte surtout les personnels en situation de fragilité morale ou professionnelle. Cette fois, l’impact se ressent y compris chez des personnes qui ne doutent pas de leur engagement pour l’éducation nationale. »

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