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Kemal Gunyar remet une pièce sur un manteau en peau troué - Reportage sur Kemal Gunyar, tailleur à Paris, propriétaire de l'Art de l'Aiguille, Paris, le 3 novembre 2023
JULIE BALAGUE POUR « LE MONDE »

Les cordonniers et les retoucheurs retrouvent leurs lettres de noblesse grâce à l’inflation

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Publié le 07 novembre 2023 à 16h00, modifié le 08 novembre 2023 à 00h20

Temps de Lecture 5 min.

« Ouh là là. Je ne sais pas si vos chaussures sont prêtes ! » Au client qui se présente dans sa cordonnerie Retro, rue Saint-Denis, à Paris, dans le 2e arrondissement, Michael Amari tente, invariablement, cette plaisanterie. Les habitués font mine de s’inquiéter. Celui qui se surnomme « le roi du patin » ou « l’étalon de la chaussure » fouille alors dans son capharnaüm pour en extraire les mocassins, Dr. Martens ou bottes confiés quelques jours plus tôt. « Je répare l’irréparable, ce que tous les autres refusent de réparer », avance-t-il, devant une cliente « trop contente » de récupérer ses boots Isabel Marant.

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Comme beaucoup d’autres cordonniers et retoucheurs interrogés, cet artisan n’a « jamais entendu parler » du « bonus réparation », censé inciter les Français à retaper leurs chaussures et à rapiécer leurs vêtements plutôt que de les jeter, et qui doit entrer en vigueur mardi 7 novembre.

Financée par une écocontribution versée par les fabricants et enseignes à l’éco-organisme Refashion, au titre de la responsabilité élargie du producteur, cette réduction de 6 à 25 euros, selon le type des réparations, sera accordée aux clients à condition d’aller chez un artisan labellisé.

Mustafa Kemal Gunyar dans sa boutique L’Art de l’aiguille, à Paris, le 3 novembre 2023.

Le dispositif, qui bénéficie d’une enveloppe totale de 154 millions d’euros jusqu’en 2028, est prévu dans la loi antigaspillage et économie circulaire, adoptée en 2020. Le mécanisme est analogue à celui mis en œuvre dans l’électroménager fin 2022 et en cours d’extension à 73 produits éligibles au 1er janvier 2024, contre une cinquantaine auparavant. 4 300 réparateurs sur 20 000 recensés en France sont agréés QualiRépar à ce jour.

Promouvoir le raccommodage

L’objectif est d’inciter les Français à restaurer leurs vêtements et chaussures pour prolonger leur durée de vie, et donc contribuer à réduire la production de cette industrie polluante largement importatrice, alors que le nombre de pièces en vente dans les magasins et sur Internet ne cesse de croître.

« C’est une partie de la réponse à l’urgence climatique », souligne Maud Hardy, directrice générale de Refashion. En 2022, 3,3 milliards de vêtements, chaussures et pièces de linge de maison ont été mis sur le marché français, soit 500 000 de plus qu’en 2021. Chaque année, 700 000 tonnes sont jetées en France, rappelle le think tank Terra Nova.

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Refashion espère que 21,6 millions de pièces seront réparées à l’horizon 2028 dans l’Hexagone, contre 16 millions en 2019. Depuis juin, l’eco-organisme mène une campagne de communication pour promouvoir le raccommodage et la remise au goût du jour de vêtements. Mais « la communication, ça ne suffit pas. C’est le portefeuille qui fait réagir le consommateur », juge Jean-Pierre Verneau, président de la Fédération française de la cordonnerie multiservice.

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